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Cette exposition clôt la thématique annuelle de la saison 2009-2010 sur la question de la construction des espaces, des narrations et des images dans l'art contemporain dans un rapport cinématographique ou théâtral. La question de l'image, de sa définition, de son usage et de son interprétation sont ici, davantage interrogées. Les artistes de cette exposition tentent de rendre compte de l'histoire, à travers l'utilisation d'images puisées dans leur quotidien ou d'images d'archive. Ces images sont collectées, ordonnées, mises en scène, interprétées pour construire une nouvelle narration, créer un récit fictif ou historique à une autre échelle.

Ines Schaber / Stefan Pente Unnamed Series (2008-2011) Unnamed Series est une série d'œuvres réalisées par Stefan Pente et Ines Schaber inspirées par la rencontre entre l'historien d'art Aby Warburg et les Hopi Priest Cleo Jurino à Santa Fe en 1898. Unnamed Series s’attache aux aspects qu’engendre cette célèbre rencontre sur nous. Partie 1 : invité par Stefan Pente et Ines Schaber : Karen Peters (2008) aborde la question de l'importance de la représentation d'un site dans lequel quelque chose d'important s'est passé ; Partie 2 : An approach to address something that one would have never dared to say anything about; except through symbolic practices (2008) pose la question du comment faire avec des images qui n’auraient pas dû être faites, ou qui n’auraient pas dû être publiées ; Partie 4 : At a certain time and at a certain place, a couple of persons met to place a secret into an image (2009) aborde la question des images que nous aimerions multiplier et distribuer nous-mêmes ; Partie 5 : if I follow the logic of a viewed image (2009) met l'accent sur les circonstances dans lesquelles les images sont produites, perçues et conceptualisées ; Partie 7 : Room 59 (2010) étudie la façon dont nous pourrions redéfinir ou reformuler l'espace du secret qui est contenu dans chaque image ; Partie 8 : se demander quelles pourraient être les autres pratiques symboliques d'une image ? Et la partie 9 : essayer de répondre à la question posée Partie 1, une fois de plus.

L’installation d’Ines Schaber et Stefan Pente questionne, à travers 9 parties, dont deux seulement sont présentées ici dans cette exposition (Partie 2 et Partie 7), l’histoire de l’art et de l’iconologie. Ces artistes se sont inspirés de la rencontre en 1898, entre l’historien d’art Aby Warburg et le peuple amérindien des Hopis. Cet historien établit alors une forme de typologie des signes et des scènes représentées dans les cultures artistiques, tels le rituel du serpent. L’installation d’Ines Schaber et de Stefan Pente évoquent cet épisode historique en réinvestissant les traces (les photographies et récits rapportés par Aby Warburg), les images (le dessin du serpent), en s’appropriant les signes et en questionnant le contexte de production. Leur travail, encore en cours, se construit donc sur ce cycle de la représentation, la manipulation, l’interprétation et la ré-interprétation des images.

Olof Olsson Slightly in Denmark (1992) La série d’Olof Olsson relate l’histoire « extraordinaire » du photographe américain Joseph Slightly, qui abandonna, dans les années 50, ses affaires et notamment un très grand nombre de documents photographiques. Ces documents furent récupérés par un docteur en psychiatrie qui les étudia et les interpréta. Deux sortes d’images apparaissent : celles prises de Joseph Slightly et celles prises par Joseph Slightly. Ces dernières se révélèrent toutes floues. Le travail d’Olof Olsson aborde la question de l’interprétation des images et de ce qu’elles peuvent évoquer. L’histoire de ce photographe et de ce médecin s’avèrent être une pure fiction, inventées par l’artiste. Si l’objet d’archive est ici détourné, manipulé, réinterprété au profit de l’invention, le personnage de Joseph Slightly est une forme de clin d’œil au livre de Robert Capa Slightly out of focus (juste un peu flou), qui posa par écrit les bases de sa démarche de photojournaliste. Les photographies censées être les œuvres de Joseph Slightly seraient-elles floues en écho à l’esthétique de Capa ? L’imaginaire du spectateur peut en tout cas se laisser aller à ces interprétations. Le personnage de Joseph Slightly incarne malgré tout la question de la véracité et du pouvoir de l’image, ainsi que la capacité d’un auteur à produire du récit, de la narration à partir de l’image. Les images qui documentent sa vie interrogent en effet l’idée de l’objectivité supposée de la photographie et la notion de photographie documentaire.

Karl Larsson Comet’s Path (2010) Le document n’est pas seulement écrit ou photographique. Il est aussi objet. Dans le travail de Karl Larsson, l’objet témoigne, raconte, construit l’histoire, par ricochet. Par de subtils jeux de références, l’installation renvoie le spectateur vers différents champs de référence : la religion (et ses signes comme le bâton de pèlerin), l’histoire de l’art, la littérature. Un questionnement émerge de la rencontre avec ces objets : comment interpréter ces signes, en relation avec quel système de référence, quelle iconographie ? En faisant intervenir l’écrivain Mark Twain (1835 – 1910 ; écrivain américain et auteur notamment de Les aventures de Tom Sawyer en 1876) Karl Larsson évoque un personnage ayant lui-même navigué entre ces différents univers : le champ de la littérature et de l’esthétique par ses écrits, et celui de la religion par ses croyances et son mysticisme relatif.

commissaire / curator : Ulrike Kremeier