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Mémoire mobile vivante (1989) fait figure d'oeuvre-puzzle. Elle est aujourd'huirassemblée et présentée à Villeurbanne dans cette manière depremière rétrospective. L'Institut d'art contemporain se propose en effet defaire le point sur l'oeuvre de Basserode, artiste exigeant, prudent face aux modes,cultivé et bourlingueur, provocateur et sensible.

Mobile et polymorphe, cette oeuvre refuse d'être figée, d'autant que pourBasserode la vie de l'oeuvre inclut parfois sa transformation, voire sa disparitionprogrammée et comme inéluctable.

Ce travail utilise la matière organique vivante - végétaux, bois - mais ilest aussi fait de photographies, de musique et de mots, de corps et de gargouilles, d'images etd'imaginaire, de temps et de mort.

S'il récuse toute ambition symboliste, Basserode n'a pourtant de cesse de jouer dusymbolique, même pour le pervertir et pour tenir un propos personnel, aux limites del'intime.

Chaque oeuvre se propose à la fois comme une confidence et comme une questionsur la vie et sur l'art. C'est aussi une tentative d'universalisation du questionnement.Basserode dépasse les confinements temporels ou géographiques : telleoeuvre retrouvera les accents du médiéval, telle autre explorera ledialogue Europe - Afrique.

C'est peut-être cet entêtement à être soi, ouvert et curieux, qui aprovoqué l'invitation de l'oeuvre de Basserode à Villeurbanne oùl'on avait pu appréhender d'autres artistes tout aussi singuliers, Markus Raetz, JacquesVieille ou Boyd Webb, par exemple.

Jean Louis Maubant

Basserode est né à Nice en 1958. Il vit et travaille à Paris et àReims.

L'ensemble de son travail seréclame de la mémoire en action. Face à l'obsessionde l'homme dans sa conquête du temps et de la nature, Basserodeadopte une position critique en jouant de phénomènes telsque l'éphémère, l'inversion, ladécomposition et le nomadisme

De 1984 à 1987, l'artiste privilégie les matériaux organiques etintervient sur leurs comportements . La réalisaton d'unEspace naturel sonore en 1987 trouve son intérêt dansla contrariété de la pousse d'un gazon due àl'expérience sonore qui l'accompagne. Basserode fonde sesrecherches sur des processus lents (ceux de la vie en train de se faire)et leurs possibilités d'insertion.

Artiste nomade, Basserode court le monde et, afin de ne pas s'encombrer de bagages toutau long de ses périples, charge sa mémoire. C'est ainsique naissent dés 1989, lesmémoires mobilesévolutives, valises où reposenttourbe, végétaux, cire, terre, soufre, qui vont voyagerentre les mains d'amis, passant de continents en continents et seforgeant chacune une mémoire différente et autonome. Sonsouhait est de faire "parler"la cire ayant lapropriété naturelle de reproduire sous forme de sons cequi a été mis en mémoire.

Basserode : La maison des motsCette mémoire mentale, issue du nomadisme, s'intensifie quandl'artiste y mêle l'écriture et le langage. En 1991, ilrédige des écrits qu'il insère dans des oeufscoulés dans des murs de paraffine porteurs de la maison desmots. Cette maison, qu'il faut comprendre comme unréceptacle, un réservoir de projets, est laréplique d'une ancienne alcôve qu'il a lui mêmehabitée. Il confronte sa propre mémoire, son intimité, à une mémoire naturelle qui l'entoure.

Il perpétue ce mécanisme dans un Manuscrit constitué de 1027 mots enfouis dans des oeufs (vendus par lots detrois) et coulés dans de la paraffine. Le livre ne serareconstitué qu'à la mort de l'artiste: la disparition del'un entraînera la naissance de l'autre, métaphore de samémoire et de sa vie nomade.

Cette idée de trésor caché se retrouve dans une oeuvre de 1993 où, dans les cylindresde bois poli, il a encastré des tiroirs scelléespar un cachet de cire rouge.

1994 annonce un autre aspect de lamémoire dans Tohu Bohu, une oeuvre composée de cinq portes, chacuneouvrant sur un mur de brique fracturé et d'un verredépoli. L'arrêt du spectateur devant ce mur ne fait quedéplacer son regard vers une autre porte, mentale etimaginaire. Le monde de la mémoire rejoint alors celui de lapoésie.

Collaboration Cette exposition répond à l'exposition du CCC de Tours quiprésente du 21 mars au 17 mai 1998 des "oeuvres en affiche" commandées parBasserode à des peintres d'affiches publicitaires égyptiens ainsi que la maquetted'Hécatée (bateau mémoire).

Édition Un catalogue monographique sera publié à l'occasion de cesexpositions, en collaboration avec le CCC de Tours et le Centre d'art de Meymac, dans lasérie des catalogues monographiques consacrés aux artistes français de lanouvelle génération.

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Basserode 
L'art comme turbulence