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Table ronde " Beyrouth : entre mémoire et reconstruction " Avec Rana Haddad, Bernard Khoury, Inès Lamunière et Walid Sadek

Samedi 1er mai, 15h-18h, entrée libre Centre pour l’image contemporaine, Saint-Gervais Genève

Ce qui frappe celui ou celle qui visite Beyrouth est la cohabitation d’éléments très différents : traces de la guerre et nouvelles constructions ultra-modernes, pauvreté extrême et richesse exhibée, habitat traditionnel et buildings à l’américaine… Comment cette structure urbaine complexe influence-t-elle la vie culturelle ? Quelle est la définition de l’espace public ? Quel est le rôle des institutions, celui des individus ? Les invité(e)s ci-dessous agissent chacun(e) à leur manière dans ce contexte et sont quotidiennement aux prises avec le paradoxe propre à Beyrouth : il s’agit à la fois de reconstruire une ville et de faire fonctionner la mémoire de ses habitants.

Née à Beyrouth, Rana Haddad enseigne l’architecture à l’Université Américaine de Beyrouth. Depuis 1996, elle a réalisé divers projets d’installations et d’interventions urbaines, soit avec des étudiants dans le cadre d’un ‘atelier de recherche’ de l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, soit avec les architectes Pierre Hage-Boutros et Gregory Buchakjian. En 2003, elle a participé à la première Biennale d’architecture de Rotterdam avec les travaux packaged miles et line weight.

Née à Genève, Inès Lamunière a fondé il y a vingt ans un bureau d’architecture et d’urbanisme avec Patrick Devanthéry, qui a donné naissance à de nombreux projets dans toute la Suisse. Professeure à l’Ecole Polytechnique de Lausanne, rédactrice pour la revue " Faces ", elle a publié récemment l’ouvrage " Fo(u)r cities " sur Milan, Paris, Londres et New York. Elle dirige actuellement un atelier de l’EPFL dont le but est de proposer des projets alternatifs au projet officiel de reconstruction du centre ville à Beyrouth.

Bernard Khoury vit et travaille à Beyrouth, où il est né. A 36 ans, il est déjà célèbre pour ses nombreux projets architecturaux alliant haute-technologie et vestiges du passé, dérangeants ou enthousiasmants, en tous les cas provocants : à Beyrouth, le club B018, le bar de la Centrale et le restaurant Yabani sont quelques unes de ses réalisations (des films sur ces constructions seront montrés au cours de la table ronde). Une exposition de son travail à été présentée par la Haus der Kulturen der Welt à Berlin. Autres projets en cours : Beirut Central District, Fintas Market au Koweit, Bank of Beirut Corporate Building…

Artiste et écrivain, Walid Sadek vit à Beyrouth. « Les Autres », son dernier travail, a été montré récemment en Europe dans le cadre de l'exposition «Contemporary Arab Representations» de Catherine David. Il a publié plusieurs ouvrages et des essais. Il enseigne actuellement au Département d'architecture et de Design à l'Université américaine de Beyrouth.

Modération : Jean-Paul Jaccaud, architecte à Genève, travaille depuis plusieurs années sur des projets à Beyrouth

Ghassan Salhab, Terra incognita, 2002

Projections

* Vendredi 30 avril - 20h30 – Centre pour l’image contemporaine, en présence du réalisateur

Akram Zaatari, Aujourd’hui, 2003, 86’ (sous-titres français) Ce film est un voyage géographique et intérieur à la recherche d’une femme portant une jarre sur la tête, photographiée dans les années 50 par l’historien Jibrail Jabbur. D’une forme documentaire traditionnelle, le film devient peu à peu un laboratoire d’images, où le vidéaste interroge ses propres enregistrements visuels et sonores, effectués depuis l’invasion israélienne du Liban en 1982.

* Samedi 1er mai - 20h15 - CAC-Voltaire, en présence du réalisateur (Maison des Arts du Grütli, rue Général-Dufour 16, 1204 Genève)

Ghassan Salhab, La Rose de Personne, 2000, 12’ La Rose de Personne parcourt sans s’arrêter la rue Hamra à Beyrouth, une rue chargée d’histoire, de fiction, mais aussi une rue comme toutes les autres en prise avec le réel. Une automobile dans laquelle un homme et une femme hors-cadre dialoguent. Leurs paroles nous parviennent à travers un flot de sons, les bruits de la rue Hamra. Ghassan Salhab, Terra incognita, 2002, 2h, 35 mm (sous-titres français) Beyrouth aujourd’hui. Ville chantier, ville mutante, à l’image des cinq personnages. Soraya, guide touristique, parcourt le pays sur les traces de civilisations passées et découvre celles de la récente guerre. Soraya s’abandonne à des amants de passage et accumule les visas. Leyla navigue entre mysticisme et athéisme exacerbés. Nadim, architecte, réinvente sa ville. Tarek, fraîchement rentré au pays, se demande pourquoi. Haïdar est spectateur des informations qu’il relate à la radio, tout autant que de sa propre existence.

* Mardi 4 mai - 20h30 - Centre pour l’image contemporaine

Carte blanche d’Akram Zaatari, “Do you want me to spit to videotape my blood? Short Videos from Beirut”, 76’ Les années 90 virent l’émergence d’une génération de vidéastes indépendants au Liban, en partie grâce au développement de l’infrastructure relative à la vidéo à Beyrouth, et grâce à l’introduction récente de départements de communication et d’audio-visuel dans les universités libanaises. La création de deux organisations à but non-lucratif, Ayloul et Ashkal Alwan, a contribué à encourager cette nouvelle génération d’artistes. La production vidéo a été soumise à deux phénomènes importants : tout d’abord, l’absence d’antécédent dans le domaine de la réalisation de films dans le pays offrait aux artistes une liberté de travail, leur permettant d’utiliser la vidéo non comme substitut au film, mais comme medium spécifique; et deuxièmement, la domination du langage télévisuel conventionnel (particulièrement dans le contexte de la guerre) accéléra l’exploration de nouvelles manières de communiquer. Ces vidéos sont produites avec des budgets minimes et reposent souvent sur les structures existantes, telles que la télévision ou les maisons de production, qui sont toujours la seule alternative au manque de soutien vis-à-vis des arts. Au XXIe siècle, les conditions restent inchangées. Ce programme présente des vidéos récentes d’artistes issus de domaines variés. Certains travaillent avec la vidéo ou le film tels que Ghassan Salhab, d’autres se sont plutôt tournés vers la peinture et plus récemment vers la vidéo, comme Lamia Joreige, vers le théâtre / la performance ou la musique comme Rabih Mroueh. On y découvrira aussi de jeunes talents qui émergent tels que Samar Kanafani, Nabil Kojok, et Roy Samaha.

Ghassan Salhab, my body alive, my body dead, 2003, 14' (pas de dialogue) Une tentative de capturer la vie sous la peau. C’est un poème sur l’(in)capacité, par la vision, d’enregistrer le statut des corps vivants, des liquides et des minéraux.

Akram Zaatari, Red Chewing Gum, 2000, 10' (sous-titres anglais) Une lettre d’amour rappelle la rencontre entre deux hommes et marque maintenant leur séparation. Le désir est transmis à travers une image fugitive et le pouvoir est marqué par la mastication d’un chewing-gum rouge.

Nabil Kojok, January 10th, 2002, 10' (pas de dialogue) C’est un regard sensible porté sur le monde militaire, le pouvoir et la virilité à travers la peur ressentie au moment où l’on doit s’apprêter à quitter l’enfance et rejoindre le service militaire.

Lamia Joreige, Replay (bis), 2002, 9' (sous-titres anglais) Replay a pour point de départ l'idée de rupture dans un temps et un lieu indéfinis. Ici, l'histoire, dont on ne sait si elle a été vécue ou rêvée, prend forme à plusieurs reprises. Ces tentatives finissent par laisser place à un long plan fixe de Beyrouth au présent, le temps d'une prière.

Rabih Mroueh, Birrouh biddamm (with the Soul and the Blood), 2003, 6' (sous-titres anglais) Des témoignages de participations à des manifestations politiques forment le décor à une analyse par l’artiste de la relation de l’individu au collectif, lorsque les slogans et la colère font surface dans de tels rassemblements.

Samar Kanafani, Munzer, 2003, 13’ (sous-titres anglais) Au moyen d’une webcam, un survivant des actions militaires israéliennes contre les Palestiniens communique ses peurs, ses souffrances et les cicatrices du passé.

Roy Samaha, Pink White Green Black, 2002, 10' (pas de dialogue) Un poème électronique, une exploration de soi et une tentative d’autoportrait par la vidéo.

* Mardi 11 mai - 20h30 - Centre pour l’image contemporaine

Mahmoud Hojeij, Shameless Transmission of Desired Transformations Per Day, 2000, 25’ (sous-titres anglais) Dans ce faux documentaire, une police de la moralité soutire des confessions à des jeunes femmes surprises en train d’avoir des relations sexuelles dans des lieux publics. Il apparaît que la surveillance est au cœur de la vie quotidienne dans la ville de Beyrouth.

Mahmoud Hojeij, Beirut Palermo Beirut, 1998, 17’ (sous-titres anglais) Ce film, primé au Festival International du Film de San Francisco, trace le portrait de six jeunes artistes et réalisateurs, détenteurs d’un prix et qui sont confrontés à la difficulté de décrocher un emploi. Ils se heurtent à une société régie par le piston, qui ignore toute compétence, toute valeur personnelle.

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Cendres, 2003, 26’ (sous-titres français) La cérémonie funèbre d’un homme mort en Angleterre et dont le corps, réduit en cendres dans une boîte, fait l’objet d’une provisoire et rocambolesque réincarnation pour pouvoir être enterré selon le rituel au Liban, où la crémation est interdite.

* Mardi 18 mai - 20h30 - Centre pour l’image contemporaine

Jalal Toufic, Sauver la face, 2003, 9’ (pas de dialogue) Les visages de tous les candidats affichés sur les murs du Liban lors de la campagne pour les élections législatives de 2000 attendaient-ils le résultat des élections ? Non. En tant que visages, ils attendaient d’être sauvés. Bien mieux que n’importe quel lifting chirurgical ou retouche numérique, le retrait physique d’une partie de l’affiche du visage d’un candidat laisse apparaître partiellement, en dessous, le visage d’un autre candidat.

Jalal Toufic, Âshûrâ: This Blood Spilled in My Veins, 2002, 104’ (sous-titres anglais) Dans une ville du Sud Liban, Jalal Toufic filme la procession rituelle d’Achoura, commémoration de l’assassinat d’Hussein, petit-fils du prophète Mohamed. Sa caméra se promène à l’intérieur d’une mosquée et s’attarde sur les visages en pleurs de l’assistance. Une réflexion sur la mémoire, nourrie par les propos philosophiques de Nietzsche, Deleuze et Derrida.

* Mardi 25 mai - 20h30 - Centre pour l’image contemporaine

Walid Ra’ad, The Dead Weight of a Quarrel Hangs, 1999, 17’ (sous-titres anglais) Cette œuvre est une réflexion sur la notion d’archive, une analyse des possibilités et des limites dans la reconstitution de l’histoire de la guerre civile libanaise (1975-1991). Walid Ra’ad “fictionnalise” la forme documentaire en racontant à nouveau la guerre à travers des récits individuels et brouille la démarcation entre réalité et fiction.

Mohamad Soueid, Civil War, 2002, 70’ (sous-titres anglais) Fin 1999, Mohamed Doaybess, directeur assistant et manager de production, quitte sa maison et n’y revient jamais. Après plusieurs mois de disparition, il est retrouvé mort dans un bâtiment détruit par la guerre et déserté de la banlieue sud de Beyrouth. Ce film retrace l’histoire de Mohamed à travers sa carrière, ainsi que sa fin tragique.