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This summer you are welcome to return to the Middelheim Museum, presenting a large group-exhibition for the first time since 1989. The museum resumes her tradition with IDYL - as to answer that picture.

On the museum’s request, Philippe Pirotte, director of Kunsthalle Bern and Objectif-exhibitions, brought together 9 artists: Boy & Erik Stappaerts (B), Yutaka Sone (Japan), Corey McCorkle (USA), Mark Lewis (CAN), Niels Donckers (B), Lee Bul (Korea), Miroslaw Balka (P), Sven Augustijnen (B) and Knut Asdam (N).

The author Longus (Lesbos, end 2nd-beginning 3rd century) writes the first ‘idyl’ with the pastoral tale Daphnis & Chloe: a story about a tender love without further intrigues. He is supposed to have written this work as a response to a rock-drawing depicting a love story. He “answers that picture”.

But the exhibition was not only conceived for Middelheim by virtue of ties with the art-historical past. The park itself embodies the exhibition’s theme: a place for the idyllic. In this, the word idyl refers to a temporary adjournment of reality, to a complete whole of ideal circumstances. Quite often it has to do with a figure in terms its relationship with a landscape. A park like Middelheim Museum, once conceived and laid-out as a victory over nature, is now thought of by urbanites as an idyllic spot where tranquility and fresh air offer a welcome respite from the city’s pressurized reality. But what does art have to do with it? Why would the artist engage in a confrontation with nature’s creative power? It is precisely the city, which forms the natural habitat of an artwork. The park, where nature is in fact a kind of human artifact, is the place to seek out this tension. This is the reason why artists were chosen who actively pursue this selfsame investigation in their work.

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C'est en 1989 que le Musée Middelheim a organisé pour la dernière fois une exposition de groupe. Quelque 16 années plus tard le Musée Middelheim renoue avec la tradition avec IDYL – as to answer that picture .

Dans la zone verte du Musée Middelheim lui-même, depuis 1989, il s'est passé bien des choses. Anvers 93 a entraîné pas moins de dix nouvelles acquisitions pour la collection permanente, et les titans de la sculpture nationale et internationale y ont eu droit à une grande exposition en solo: Carl André, Guillaume Bijl, Anthony Caro, Per Kirkeby, Luciano Fabro, Tony Cragg, Luc Deleu, Jef Geys, Peter Rogiers, … Très favorable aussi, cela va de soi, pour le développement continu de la collection.

Mais il en va des titans comme des autres: qu'on le veuille ou non, après quelque temps, là où on les attend le moins, on voit apparaître une garde de jeunes dieux pour remettre sérieusement en question cette suprématie des titans. C'est également le cas maintenant.

Le commissaire Philippe Pirotte, le tout nouveau directeur de la Kunsthalle de Berne, a rassemblé pour et à la demande du musée neuf artistes (voir les biographies en annexe) sous le titre IDYL – as to answer that picture . A la base de sa sélection est la question de savoir quel est le statut et la pertinence du genre sculptural dans le contexte des arts contemporains. Ce genre semble en effet s'ébranler de plus en plus pour adopter d'autres formes comme par exemple les installations, ou l'exposition spatiale d'œuvres vidéo. Le sculptural a-t-il encore sa place?

Philippe Pirotte pose la question et s'il a opté délibérément pour un nombre restreint d'œuvres, elles émanent d'acteurs ‘internationaux': des artistes qui font partie d'un discours qui va au-delà des frontières des différentes parties du monde.

L'exposition n'a toutefois pas été mise sur pied pour le Musée Middelheim uniquement pour son passé artistico-historique. Le parc en lui-même offrait le thème de l'exposition: l'idylle, faisant par là référence à une levée temporaire de la réalité pour un ensemble de circonstances idéales. A titre d'exemple, on peut percevoir cette manifestation comme l'expression d'une figure par rapport à un paysage. Un parc comme celui du Musée Middelheim, jadis aménagé dans l'idée d'une victoire sur la nature, est actuellement considéré par le citadin comme un coin idyllique où le calme et l'air pur nous éloignent un moment de la dure réalité de la ville. Mais où intervient l'art dans tout cela? Pourquoi l'artiste chercherait-il la confrontation avec la force créative de la nature? C'est précisément la ville qui constitue l'habitat naturel d'une œuvre d'art…. Le parc, dans lequel la nature est en réalité une sorte d'artefact humain, est le lieu tout indiqué pour découvrir cette tension. Philippe Pirotte a sélectionné des artistes qui laissent leur œuvre engager cette confrontation.

Les artistes :

Boy & Erik Stappaerts montre des sculptures que caractérisent une finition presque clinique, une planéité et une perfection mathématique, par analogie avec l'objet design produit industriellement. Souvent, ce sont différents éléments d'une seule installation. Pour IDYL – as to answer that picture , Stappaerts a créé un lieu qui réfère à la manière dont naît par exemple le centre d'un village: de façon organique, au départ d'un noyau de "données meubles”. Dans cette installation, la piste de danse constitue un élément important, comme le lieu réel et symbolique de rencontres fortuites.

Lee Bul est une des figures directrices dans une nouvelle génération d'artistes coréens. L'œuvre qui fait partie de l'exposition est un exemple de la compatibilité du monstrueux et de l'esthétique dans son œuvre, de sa fascination pour les figures mythiques et les cyborgs futuristes. Un réseau transparent, dans lequel les cristaux s'agglutinent, décrit la forme d'un corps de femme. Le jeu de la matérialité, et le surhumain de la transparence et la réverbération de la lumière sont d'autant plus renforcés par la pièce d'eau que l'œuvre surplombe. Le titre, Crush 2000 , en réfère autant à un sentiment de passion qu'à la manière dont un super héros pourrait écraser ses ennemis.

Dans le film Jay's Garden, Malibu (2001) de l'artiste canadien Mark Lewis , différentes idées sur l'idylle moderne se confondent: le concept du temps libre, de l'espérance, la séduction et le désir, du moyen de compensation, de la faisabilité… Avec son film, Lewis crée un lien entre la vision américaine du paysage idyllique et la pornographie, une donnée qui suppose, selon l'artiste, que “la jouissance peut apparaître et apparaîtra à tout moment donné”.

Sven Augustijnen (B) nous guide, dans sa vidéo Le guide du parc (2001), dans le parc de Bruxelles. Ce pseudo-documentaire étudie le parc comme domaine public. Le Belge joue avec la mise en scène et le hasard lorsqu'il met le parc en images comme le décor de photos de mariage, du lieu de rencontre romantique ou de ‘gay cruising'. Et c'est alors que le parc, comme espace de quartier idyllique, s'avère observer un code social très spécifique.

Le Norvégien Knut Å sdam a installé son œuvre vidéo dans la construction de conteneurs de Luc Deleu. La fenêtre sur laquelle l'œuvre est projetée, montre en partie le parc à l'extérieur, et en partie la vidéo. La projection montre des conversations de jeunes gens dans une ville à propos de l'amitié, des relations et des conflits. Le film doit continuellement engager la concurrence avec cette autre histoire qui se déroule dans le parc et dans la ville, que l'on voit derrière la fenêtre.

Le Japonais Yutaka Sone a une prédilection pour l'impossible et le paradoxal. Dans son œuvre, cela le mène à la combinaison de l'amusement, du naturel artificiel et de la technologie du fantastique. Il dit lui-même aimer les paysages qui éveillent une expérience redoublée et qui contiennent une présence humaine. On pourrait dire qu'il recherche “l'entertainment artificiel”. Au moment d'écrire ces lignes, on ne sait pas encore quelle œuvre de l'artiste sera exposée.

Avec sa grande boule métallique réfléchissante, Corey McCorkle (USA) opte résolument pour une solution sculpturale minimale avec un effet maximal. Basée sur une décoration de jardin française du XVIIe siècle, mais agrandie jusqu'à un format de dimensions humaines, la boule repose comme un objet extraterrestre entre les arbres et la verdure. Bien qu'elle semble prendre les couleurs et les formes de son environnement (les arbres, l'air, les spectateurs), l'œuvre reste entièrement tournée vers elle-même et isolée.

Miroslaw Balka (P) met dans son œuvre l'accent sur l'invraisemblance de l'idylle. Une grande construction en métal porte une plaque en verre sous laquelle on peut passer. Sur la plaque en verre, une grande vidéo stationnaire est projetée sur laquelle on peut voir un parc. Des arbres avec un espace circulaire ouvert. L'artiste déclare que cette image semble exprimer les caractéristiques d'une carte postale: elle est innocente. L'image a été filmée au cours d'un voyage effectué par l'artiste à Brezinka, un camp de concentration. L'espace circulaire ouvert servait de lieu de dissémination des cendres humaines. Le fossé entre l'idyllique de l'image et la connaissance de son contexte rend l'expérience d'autant plus angoissante.

Le photographe belge Niels Donckers a longé les clôtures du Musée Middelheim et a saisi l'environnement du parc: les quartiers résidentiels extérieurs de la ville. Pour ce faire, il a opté pour un enregistrement neutre et des images très détaillées. Parce que, si le parc doit représenter l'idylle, quelle est alors la réalité? Qu'y a-t-il à l'extérieur des grilles de l'Eden?