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Dans l’œuvre de Jos De Gruyter et de Harald Thys, principalement des vidéos, cette série photographique constitue une nouvelle donnée. Ces photographies sont aussi dramatiques qu’autrefois leurs films mais un nouveau médium fait appel à une nouvelle approche. Tout d’abord on remarque que les photos sont plus agressives, non seulement d’un point de vue formel mais aussi en ce qui concerne la dramaturgie.

Dans leurs vidéos, De Gruyter et Thys, contrairement à des réalisateurs traditionnels, ne quittent pas les coulisses; le film étant le produit de leur volonté. Dans cette série de photos, le rôle du « Réalisateur » (à partir d’ici j’emploierai le singulier car il s’agit du « Réalisateur » en tant qu’abstraction) devient contraignant. Même s’il ne quitte pas les coulisses, il reste manifestement présent dans l’espace apparent.

Les scènes font penser à des rites Breughéliens, à des déguisements démonstratifs ou à des mutations locales du vaudeville champêtre qui est représenté chaque année. C’est du «Kammerspiel» et la proximité de l’espace exigu se fait sentir dans la manière dont sont prises les photographies. Elles ont été prises de trop près, mais on ne prétend aucunement qu’il pourrait y avoir une distance objective. Tout le monde dans la salle fait soit partie de la famille soit a fréquenté quelqu’un sur la scène. Et quand tout le village ou toute la communauté locale assiste au vaudeville annuel, il ne peut plus y avoir de spectateurs innocents. La position du spectateur vierge relève d’une fantaisie vaine et arrogante. Tôt ou tard, tout le monde se salira les mains et le fera avec sympathie. On se laisse volontiers mettre en scène. Les acteurs figurant dans ce théâtre de scouts communal n’ont pas d’ego professionnel. En cela, ils diffèrent de l’acteur narcissique qui se considère en tant qu’« Artiste » autonome et libre. Les acteurs de ce théâtre se laissent habiller. Ils ignorent ce que le réalisateur attend d’eux et acceptent passivement ce qui leur arrive.

Il y a une seule prise de vue extérieure: des images d’ambiance archaïque à la campagne. Cette unique scène extérieure fonctionne comme un moment dans la série de photos et fait penser à des séries télévisées de la BRT des années 70, début 80. Notamment, les comédies paysannes flamandes comme « De Paradijsvogels » ou « Wij, Heren van Zichem ». Les prises de vue extérieures (filmées en 16 mm) parcimonieuses montrent la campagne, souvent sans âme qui vive. Cependant les prises de vue intérieures (filmées en format vidéo) montrent toujours le même décor dur et fortement éclairé : un espace standardisé.

Dans le cas de ces photos, il s’agit d’une chambre grise uniforme qu’on peut nommer «chambre» parce qu’il y a un coin. Sur chaque image le même coin est toujours présent, c’est la seule référence spatiale. Le coin est traité au même niveau que le personnage et l’accessoire.

Les accessoires attendent d’être utilisés et servent d’introduction littérale à la scène à venir. Ils attendent les acteurs afin d’être employés et il devient clair qu’il n’y a pas de différence entre eux (il ne s’agit pas seulement d’une fausse moustache qui est collée sur un personnage mais aussi d’un personnage collé à la moustache). Les accessoires sont clairement empruntés pour l’occasion, de même que les acteurs. Ainsi la temporalité des photos devient physiquement palpable. Tout et tous se retrouvent temporairement empruntés.

Pressetext

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Harald Thys / Jos de Gruyter: Travaux Photographiques