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Autour de la figure de la maternité aujourd'hui, peu de commentaire, peu de représentation. Curieusement ce passage essentiel, fondateur et fondamental, semble soigneusement laissé dans l'angle mort d'une société que la violation de l'intimité intimide pourtant peu.

On ne saura croire au hasard. Plutôt au tabou. Et voilà pourquoi la toute dernière série de Katharina Bosse, où l'artiste se met en scène avec ses propres enfants, saisit, étonne, effraie, affole.

Née en Finlande en 1968, élevée en Allemagne et vivant à New York, l'artiste s'illustre rapidement par différentes séries photographiques : Surface tension (2001) portraits de gens ou de lieux à la surface des apparences ; New Burlesque (2003) portraits de stripteaseuses du dimanche et enfin Mermaid-Waterpark (2005) sur la parade annuelle des Sirènes à Coney Island et l'artificialité des parcs aquatiques.

Le vrai-le faux, la réalité-l'apparence, les faux semblants, la mascarade : Katharina Bosse observe déjà et sonde la force et les raisons profondes du stéréotype.

Tournant dans son œuvre, cette nouvelle série Portrait of the artist as a young mother, rejoint cette fois directement l'expérience personnelle. Après six ans passés à New York, l'artiste retourne vivre en Allemagne et donne naissance à deux bébés en quatre ans. Ce double changement de vie s'accompagne d'un travail artistique d'autoportrait.

En grand format couleur, l'artiste pose avec ses bébés pour témoigner du changement identitaire que constitue pour une femme l'expérience de maternité. Faisant fi de toute pudeur, elle se met en scène en pleine nature, le plus souvent dénudée et, confie-t-elle, « se laisse aller à des choses que seul son corps pouvait raconter ».

Ode à la vie, elle apparaît cheveux aux vents, dansant une bacchanale, diaphane comme une déesse de Botticelli. Bestiale, on la retrouve à quatre pattes allaitant son petit comme la louve romaine Romulus et Rémus.

Provocante, elle apparaît nue sous son manteau de fourrure, le sexe à l'air, ou, en bottes de cuir et maquillage outrancier, enceinte dans un champ de blé. Pure et diaphane, elle s'identifie ailleurs à une madone ou, pudiquement drapée, serrant ses bébés contre son sein, à la figure de la Charité.

Très inquiétante enfin, la voilà drapée de rouge et masquée, telle une figure dévoratrice et démoniaque. Dérangeante et osée, cette nouvelle série de Katharina Bosse dévoile, non sans humour et sans audace, les multiples facettes d'un processus infiniment complexe et sous estimé : la naissance d'une mère.