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Les œuvres de Myriam Laplante allient cynisme et dérision, braquent le regard et l'amusent, mais sont crues, mordantes et graves. Ses « contes de la folie ordinaire », comme une drôle de leçon de choses sur ce zoo humain qu'est le monde, nous surprennent par leur outrance matérielle et dramatique, font basculer l'art du côté du théâtre de la vie.

Entre scène et divan, l'œuvre se joue sur le mode corollaire de la farce et de la tragédie, réfractaire à toute obédience esthétique ou idéologique. Une certaine violence dans la dénégation du corps travesti et une palette d'attitudes qui s'abîment dans le tableau d'une raison répressive participent d'une modélisation du sujet pour le moins déstabilisante. Emmuré derrière masques et déguisements, reclus derrière des miroirs invisibles, un certain portrait de l'artiste en mal d'existence se dessine, comme l'indice d'un statut toujours périlleux, dans un monde qui ne lui accorde pas toujours droit de cité.

Le concept de l'exposition adopte le caractère métaphorique du travail de l'artiste, comme une sorte d'arche de Noé flottant dans l'espace, qui ferait fi de tout classement rationnel au profit d'une taxinomie déroutante des comportements humains tels que les modélise l'artiste : sirène, femme à barbe, poule vivante, niche en bâtonnets de bois, costumes de singe, d'ours, de chien, de Blanche-Neige, applaudissements et musiques de cirque, fantôme, vêtement d'asile, loup-garou, marchand de sable. Mélange de réel et d'imaginaire, l'amalgame se présente comme une mise en intrigue qui provoque le rire, mais qui suscite encore plus le malaise. Car derrière cette nomenclature, ce sont divers paradoxes qui sont froidement évoqués : la peur / la bravoure, la chasteté / la perversion, le mal / la morale, le pouvoir / la soumission, l'attraction / la répulsion, l'acceptation / le rejet.

Cette liste énigmatique propose un système d'éléments qui invalide toute tentative de syntaxe et fabrique ainsi une sorte d'« atlas de l'impossible ». Voilà pourquoi la commissaire a choisi de présenter les œuvres sur une vaste scène, un sol d'accueil, un lieu commun, privilégiant des principes tels que « pas de thème, pas de temps et pas de syntaxe », afin de laisser l'« œuvre s'exposant ». Ici, l'œuvre est dégagée de ses discours au profit d'une assomption de ses silences et en faveur de ses conditions d'« abandon », lorsque celle-ci non pas s'impose, mais en impose, parce que sont dessaisies toutes les retenues et brisées toutes les résistances.

Ainsi, des performances, des photographies, des sculptures, des assemblages, des dessins et des œuvres vidéographiques réalisées depuis 1992 sont exposées. Elles élaborent un système de repli spéculaire, comme un re-trait derrière le capital symbolique du divertissement populaire, des contes et des légendes, avec pour enjeu central le corps et l'image de soi et avec pour effet de les malmener, pour essayer de les révéler, pour engager la question de l'identité.

L'œuvre de Myriam Laplante s'expérimente comme un rite où le corps, dressé, fait théâtre. En l'habillant et le dressant comme elle le fait, en le heurtant avec aplomb et effronterie mais également avec inquiétude et avec souffrance, l'artiste déporte l'imagerie corporelle dominante, celle d'une véritable intransigeance de la beauté et de la séduction telle que la véhicule le monde des stars et de la publicité. Ce qu'elle extrait momentanément d'un carcan esthétique est doublement emprisonné dans l'imaginaire collectif, puisqu'il est associé à l'idée de la beauté à la fois de l'art et du corps. En échappant à la norme de rationalité, l'œuvre se tient au plus près d'un rapport curieux entre le plaisir et la crainte du monde, entre la raison et la folie.

Le catalogue Essai de Louise Déry sur la démarche de l'artiste; essai de Cecilia Casorati, de Rome, sur les performances. Texte descriptif des performances par Myriam Laplante. Biobibliographie détaillée. Liste des œuvres. 96 pages couleur, couverture rigide.

Les performances de l'artiste Myriam Laplante, célèbre pour ses performances troublantes, en produira deux pendant l'exposition : Maman ours, le jeudi 5 septembre à 18 heures Le Mythe de la loyauté canine, le mercredi 18 septembre à 17 h 30 heures

L'exposition et la publication ont été réalisées grâce à l'appui du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des Arts du Canada.

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La parodie du monde selon Myriam Laplante