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1. Communiqué :

Du 19 juin au 02 novembre les musées de Montbéliard présentent une centaine d’œuvres marquées par l’oblique. Une belle leçon de géométrie.

Le thème de l’oblique pourrait paraître austère, hermétique et pourtant il s’agit d’un élément géométrique extrêmement courant dans la vie quotidienne. Les Musées de Montbéliard nous invitent à partir du 19 juin, à poser le regard sur l’oblique à travers une centaine d’œuvres, peintures, sculptures, gravures, de la deuxième moitié du 20e siècle. Un panorama non exhaustif de l’usage de cet élément dans un tableau. Que signifie l’oblique, quel sentiment provoque-t-elle en nous, qu’apporte-t-elle de plus à une œuvre, pourquoi est-elle parfois absente ? Autant de questions pour lesquelles le public devra parcourir les salles du Musée du Château des Ducs de Wurtemberg et le Musée d’Art et d’Histoire Beurnier-Rossel, pour connaître la réponse. Les œuvres présentées proviennent essentiellement des collections des musées montbéliardais, dont le fonds consacré à l’abstraction géométrique ou lyrique est très important. Des prêts du musée d’Ingolstadt, de la fondation Ritter (Allemagne), des musées Würth d’Erstein et de Cambrai ou une donation comme celle de la fondation Fanal de Bâle viennent compléter le sujet, pour lui donner toute sa profondeur. Le public pourra découvrir ou redécouvrir des artistes comme François Morellet, Véra Molnar, Gottfried Honegger, Geneviève Claisse, Charles Bézie, Diet Sayler Des ateliers pédagogiques, des conférences sont également prévus d’ici le 02 novembre, date de fermeture de l’exposition.

2. l’oblique, un regard sur la géométrie contemporaine

L’exposition « l’Oblique, un regard sur la géométrie contemporaine » est née de l’idée de mettre en valeur notre fonds d’art contemporain, en retenant comme thème, un sujet assez peu abordé jusqu’à présent : l’oblique. Que signifie l’oblique, quel sentiment provoque-t-elle en nous, qu’apporte-t-elle de plus à une œuvre, pourquoi est-elle parfois absente ? Loin d’apporter des réponses toutes faites l’exposition présentée au musée du château des ducs de Wurtemberg et au musée d’art et d’histoire – Hôtel Beurnier Rossel, amène le visiteur à réfléchir, à percevoir d’une œuvre à l’autre le changement, l’absence, la force ou la faiblesse de l’oblique et le sens qu’elle donne au tableau, à la sculpture L’exposition est constituée d’un peu plus d’une centaine d’œuvres datant pour la plupart de la deuxième moitié du 20e siècle. C’est en quelque sorte un gros plan sur une sélection d’artistes (on ne peut pas être exhaustif) et sur une partie des collections des musées de Montbéliard. On retrouve bien sûr des noms connus comme François Morellet, Véra Molnar, Gottfried Honegger, Geneviève Claisse, Charles Bézie, Diet Sayler, Mitsouko Mori, Josef Albers Selon leur système, ils ont travaillé le rapport ligne/plan/couleur, la question du hasard, de la proportion, de l’espace et ils ont en commun de refuser le figuratif, c’est à dire la re-présentation de la nature. Mais les peintures, comme les gravures ou les sculptures présentées ne sont pas uniquement le fruit d’un travail froid, méthodique, calculé, objectif. Elles représentent aussi un choix de l’artiste, une intuition distanciée (qui n’est pas exprimée dans l’instant mais dans le temps).

Si les œuvres en majorité proviennent des collections montbéliardaises, il faut toutefois préciser que certaines d’entre elles font l’objet d’un prêt généreux de la part de partenaires tels que le Museum für Konkrete Kunst, d’Ingolstadt, la Fondation Ritter à Waldenbuch, le Musée Würth d’Erstein, le Musée des Beaux Arts de Cambrai. Le musée d’Art et d’Histoire – Hôtel Beurnier-Rossel accueille pour sa part une quarantaine de gravures, pour partie la donation de l’atelier Fanal à Bâle faite aux musées de Montbéliard.

Une visite conférence est programmée le jeudi 24 septembre, avec Jean-Claude Fontaine, professeur honoraire de mathématiques à l’université de Franche-Comté. Cette visite est organisée par les Amis des musées. L’entrée est gratuite. Toutefois le nombre de place est limité à 50 participants.

3. Pourquoi la géométrie et l’oblique plus particulièrement ?

Les expositions consacrées à Hans Hartung en 2003 et à Jean Messagier en 2006 étaient un regard sur l’abstraction lyrique. Un autre regard sur l’abstraction s’imposait à travers la géométrie, qui loin d’être une pratique « innée » requiert quand bien même celle-ci serait intuitive, une approche mathématique des sujets, une vision plus intellectuelle du monde. Même si en Histoire de l’Art, on a la tentation de dire que tout en géométrie pourrait être symbole (carré blanc sur fond blanc de Malevitch voir également les travaux de Mondrian, Kandinsky).

Mais la géométrie n’est pas qu’une affaire de peinture. C’est une façon de concevoir le monde, de regarder au-delà des choses qui nous entourent, de percevoir l’immuable dans ce qui n’est que passager. C’est une expression de la dualité entre l’impermanence des choses, des êtres et l’immuabilité des nombres, des proportions, des lois physiques qui régissent l’univers. Les deux faces d’une même médaille qui en un sens caractérisent assez bien les deux pôles de pensée que sont d’un côté l’extrême-orient et de l’autre l’occident.

Le thème de l’oblique est assez original, puisque peu d’expositions ont eu la curiosité d’explorer ce sujet jusqu’à présent, bien qu’il soit partout présent dans notre quotidien. C’est une position instable que celle de l’oblique, en perpétuel déséquilibre entre la verticale et l’horizontale. Son inclinaison varie à l’infini selon les circonstances, selon les humeurs, selon qu’elle symbolise l’ascension ou la chute. L’oblique trace une limite, elle sépare ou met en valeur. Jamais elle ne laisse le spectateur tranquille, elle pointe une direction, indique un mouvement, un changement, produit une émotion Elle intègre le concept artistique depuis les origines de l’art, jusqu’à devenir parfois dans le constructivisme, le sujet même de l’œuvre picturale. Ainsi le thème de l’oblique pourrait-il paraître austère, hermétique mais en réalité il n’en est rien.

« Si la géométrie est une matière rationnelle, mathématique, l’oblique par son emploi n’évoque pas moins des choses que l’œil et le cœur perçoivent aisément. L’oblique exprime la vie, le dynamisme, l’espace de création, de hasard, c’est l’imprévisible. A l’inverse de la verticale et de l’horizontale qui ont une sémantique très connotée métaphysique. Les religions et la philosophie nous ont en effet habitué à penser ces deux lignes par une vision matérialiste pour l’une, spiritualiste pour l’autre (cf « Du spirituel dans l’art » de Kandinsky). Entre ces deux lignes, on perçoit la vie sous ses multiples formes. »

Bernard Fauchille Directeur des Musées de Montbéliard