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Vernissage : samedi 28 ami 2011 à 11h30

Le centre d’art de Fribourg a le plaisir de présenter sa nouvelle exposition, organisée dans le contexte de la célébration d’un anniversaire, qui marque les vingt ans d’activité dans ses murs. Sous un titre qui détourne celui de l’ouvrage de Philippe Jaccottet, « Paysages avec objets absents » réunit onze artistes internationaux : Nina Beier & Maria Lund, Pierre Bismuth, Ariane Epars, Ryan Gander, Mario Garcia Torres, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Véronique Joumard, Roman Ondák et Dominique Petitgand.

Les anniversaires sont volontiers prétexte à un travail de mémoire et à la compilation d’archives, ce qui relèverait presque du paradoxe pour tout centre d’art, dont la vocation s’ancre fondamentalement dans le présent, voire dans l’avenir, du fait de sa nécessaire vision prospective.

A l’inverse du musée, le centre d’art ne collectionne pas, n’accumule rien d’autre que ses archives documentaires, qui visent à contrer les immanquables oublis, effacements et omissions qui constituent aussi son histoire. Les expositions ne peuvent qu’imparfaitement se donner à lire dans les textes et les images qui demeurent. Tout aussi imparfaits - et pourtant tellement justes - sont les récits que s’en font les visiteurs : subjectifs, bribes de mémoires et échanges d’impressions, histoires qui se substituent tant bien que mal à la relation directe avec les oeuvres et les expositions, mais qui sont aussi l’essence même de cette relation à l’oeuvre.

En vingt ans d’activité et, il faut le souhaiter, pour les années futures, un motif récurrent par excellence est celui de ces espaces qui se vident pour s’emplir à nouveau. Aussi l’exposition propose-telle de privilégier une certaine immatérialité des oeuvres et focaliser sur ces espaces comme lieux de possibles, comme autant de paysages qui, plutôt que de s’offrir au regard, s’offrent à la mémoire ou à une conscience accrue du moment présent. Il s’agit ainsi de mettre en exergue cette activité subjective, mentale, aussi multiple qu’elle est singulière, tout en confrontant les temps de toute histoire : passé, présent et à venir. L’archive serait ainsi un contre-modèle pour cette exposition, où les oeuvres usent de stratégies de dérobade pour renvoyer le visiteur à sa propre activité perceptuelle.

A l’inverse d’un travail de documentation, qui vise à la stabilité, les oeuvres de Nina Beier et Maria Lund donnent une part prévalente à l’acte interprétatif avec ses ratés et ses incompréhensions. L’oeuvre « The Imprint » consiste en un ensemble d’instructions données au personnel d’accueil, à l’attention du public, et qui visent à révéler des faits liés au processus de réalisation de l'exposition. Les artistes jouent ainsi avec le cadre social que constitue l’exposition et relient l’oeuvre à son incontournable ouverture : la perception du spectateur-visiteur se joue en effet en dehors du contrôle de l’artiste et dépend de son propre cadre référentiel.

Pour Pierre Bismuth, les regardeurs devraient toujours se considérer comme les créateurs potentiels de l’oeuvre, et s’ils ne le font pas, c’est parce qu’ils se positionnent comme consommateurs culturels, et donc en dehors du processus créatif. La pratique artistique de cet artiste examine notre perception de la réalité et notamment par le biais des productions culturelles, où le cinéma tient une place importante. Dans « Postscript/The Passenger », le commentaire, l’interprétation d’un film et de sa bande sonore acquièrent la même autorité, voire une autorité supérieure au film luimême. Les travaux d’Ariane Epars (*1959) partent toujours d’une situation, en tentant d’y apporter une réponse. Mais cette réponse a la valeur d’un soulignement discret, d’une invitation à considérer une situation. La quasi invisibilité des oeuvres et le parti-pris de discrétion témoignent de cette recherche d’équilibre, entre la présence de l'oeuvre et la révélation de son environnement.

Avec une grande variété de moyens, les oeuvres de Ryan Gander peuvent se décrire comme des amorces de récits qui laissent libre cours aux associations et à l’imaginaire, en créant des allers et venues entre l’absence et la présence, le visible et l’invisible. Le spectateur est ici aussi un acteur important, forcé à combler le vide laissé par ces oeuvres en bribes. Qu’elles soient des installations, des sculptures, des vidéos ou des pièces sonores, les oeuvres de Gander mettent en perspective les mécanismes de perception des oeuvres d’art.

« La plupart du temps, je cherche à échapper aux décisions créatives et à les remettre dans les structures ou les personnes qui sont à disposition : ainsi je crois qu’un exercice intéressant pourrait être de demander à des gens de penser au sein d’une de mes oeuvres, et de considérer comment la faire advenir » déclare Mario Garcia Torres.

L’art conceptuel des années 60 et son rapport à la dématérialisation de l’oeuvre constituent l’arrière-plan fondamental de l’oeuvre de ce jeune artiste qui revisite l’histoire, à la recherche de récits oubliés ou perdus. Son oeuvre insidieuse et épurée s’ancre au départ dans un travail documentaire pour donner naissance à une multitude de récits autonomes : l’absence manifestée constitue ainsi le dispositif idéal pour contenir le reste – c’est-à-dire beaucoup. Que ce soit dans leurs films, leurs vidéos, textes ou photographies, l’incomplétude et la latence sont des motifs récurrents des oeuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige.

« Lasting Images » est un film Super 8 dont les images n’ont été révélées que bien après leur tournage dans le contexte de la guerre du Liban et après la disparition de leur auteur, restée irrésolue. En résulte un film quasi abstrait, bribe d’archive où finissent par apparaître quelques figures ou quelques scènes fantomatiques, sans possibilité d’y attribuer un sens. Les artistes focalisent ici sur ce qui ne peut être donné pleinement à la connaissance ou à la compréhension, dont la présence demeure partielle, dormante, et donne lieu à une quête jamais satisfaite, comme une métaphore possible de l’appréhension de l’histoire.

Les oeuvres de Véronique Joumard convoquent formes simples et matériaux élémentaires, où l’action de percevoir, dans ses mécanismes et sa fugacité, apparaît comme le motif récurrent. La lumière comme condition première de la vision, l’empreinte et la présence du visiteur, la conduction des énergies y sont déclinées dans des formes toujours renouvelées : l’artiste définit sa pratique comme une variation permanente sur un même thème, en se comparant à un géologue qui effectuerait sans cesse un carottage au même endroit. Ce que Véronique Joumard met en perspective, souligne sans cesse, ce sont les conditions préalables du rapport à l’art ou du rapport au monde : la question du point de vue, de la lumière comme apparition préalable aux autres, et des dispositifs physiques élémentaires : pesanteur, chaleur…

L’humour et la légèreté figurent parmi les stratégies de l’artiste Roman Ondák pour faciliter l'accès à des situations ou des questions complexe. La perception de l’espace et du temps sont des données fondamentales, et l’enfance et les enfants des figures récurrentes. Pour Ondák, les enfants vivent une sorte de réalité parallèle à celle des adultes. Ce parallélisme est une source de tension intéressante à étudier pour l’artiste. Dans l’oeuvre « Guided Tour (Follow Me) », la situation convenue de la visite commentée devient une scène d’anticipation, où l’enfant apparaît comme une projection du futur.

Les oeuvres sonores de Dominique Petitgand constituent des paysages mentaux : indices d’atmosphères et paroles incomplètes, respirations et silences résultent d’une approche de déconstruction où les références culturelles se raréfient pour donner lieu à des espaces intérieurs. La pièce « Le bout de la langue », présentée dans l’exposition, est une oeuvre séminale de l’artiste, avec pour question principale la perte de mémoire. Les silences au sein de l’oeuvre se font le lieu de l’écho à un sentiment de perte irréversible.

Après le vernissage, Fri Art et le Musée du Point de Vue de Jean-Daniel Berclaz vous invitent à l'inauguration d'un Point de Vue, dont le lieu sera dévoilé sur place. Départ à 12h30 du centre d'art.

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Vernissage Samstag, 28. Mai um 11.30 Uhr   Die Kunsthalle Freiburg und das Musée du Point de Vue von Jean- Daniel Berclaz laden Sie danach zur Vernissage eines Aussichtspunkts ein, dessen genauer Standort im Fri Art bekannt gegeben wird. Abfahrt um 12.30 Uhr von der Kunsthalle.

Vor etwas mehr als 20 Jahren liess sich der Verein Fri Art nach über zehnjähriger Tätigkeit ohne fixen Standort im ehemaligen Industriegebäude an den Petites-Rames nieder.   Jubiläen sind eine gute Gelegenheit, sich zu erinnern und Archive zusammenzutragen – für ein Kunstzentrum eine schier paradoxe Mission, da es doch stark auf die Gegenwart bzw. durch seine zukunftsorientierte Vision notwendigerweise auf die Zukunft ausgerichtet ist. Im Gegensatz zu einem Museum sammelt ein Kunstzentrum nicht, sondern trägt ausschliesslich dokumentarisches Archivmaterial zusammen, um dem unvermeidlichen Vergessen, Auslöschen und Weglassen entgegenzuwirken - ebenfalls Teil seiner Geschichte. Die Ausstellungen können die verbleibenden Texte und Bilder nur auf unvollkommene Weise interpretieren. Genauso unvollkommen und doch so treffend sind die Geschichten, die sich die Besuchenden zu den Ausstellungen im Kopf zurechtlegen: Sie sind subjektiv, Bruchstücke von Erinnerungen und Eindrücken, Geschichten und nur ein unzulänglicher Ersatz für die direkte Beziehung zu den Werken und Ausstellungen, dennoch stellen sie die Quintessenz dieser Beziehung zum Werk dar.   Während ihres zwanzigjährigen Bestehens – und hoffentlich auch noch in der Zukunft – beschäftigte sich die Kunsthalle immer wieder mit sich leerenden Räumen, die sich aufs Neue füllen. Auch diese Ausstellung betrachtet die Räume als Orte des Möglichen – wie Landschaften, die nicht nur den Blick auf sich lenken, sondern sich auch der Erinnerung oder einem gesteigerten Bewusstsein der Gegenwart öffnen. Der Titel der Ausstellung ist eine Anlehnung an Philippe Jaccottets Werk. Sie zeigt Werke von elf internationalen Künstlerinnen und Künstlern und stellt eine gewisse Immaterialität in den Vordergrund. Es geht darum, den ebenso vielfältigen wie einzigartigen subjektiven geistigen Vorgang zu betonen und diesen mit dem Zeitlauf der Geschichte – Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft – zu konfrontieren.   Unser Dank gilt den Künstlerinnen und Künstlern und Leihgebern, Galerie Jan Mot, Brüssel, GB Agency, Paris, Frac Lorraine.