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Sur les traces du livre El Paraíso en el Nuevo Mundo écrit en 1650 par Antonio de León Pinelo, Sergio Vega poursuit sa quête d'un Eden en perpétuelle mutation. Une réflexion ludique et débridée autour du mythe du paradis perdu, de l'histoire coloniale et du contexte socio-économique actuel.

Le paradis perdu Le mythe du paradis terrestre est utilisé par Sergio Vega, depuis de nombreuses années, comme point de départ d'une réflexion à travers les écrits d'Antonio de Léon Pinelo (1650) qui situaient le Jardin d'Éden en Amérique latine. Poursuivant cette thèse, l'artiste a entrepris de nombreux voyages d'étude au Mato Grosso (Brésil), à la recherche du paradis perdu. En effet, l'œuvre de Sergio Vega, qui mêle recherches historiques et théoriques, permet à la fois une expérience sensorielle et un examen critique des discours sur le tropicalisme. Elle met également en évidence la relation étroite qui a toujours existé entre ce mythe et la construction des discours coloniaux.

Images luxuriantes Par l'utilisation d'images luxuriantes et de références littéraires ou artistiques, Sergio Vega s'interroge sur l'émergence d'une civilisation à partir de son rapport à la nature. Ainsi, à travers la figure allégorique du crocodile, au centre de son projet pour le Palais de Tokyo, l'artiste offre une double vision où la société est perçue comme le miroir de la nature et réciproquement.

"Crocodilian Fantasies" Entre lounge tropical et paysage végétal, l'exposition "Crocodilian Fantasies" est une invitation au voyage et à la rêverie. Fantaisies crocodiliennes ou fantasmes paradisiaques, Sergio Vega nous immerge dans un univers qui cherche à nous réconcilier avec crocodiles et piranhas. Monet's Piranha Soup Lounge inclut cinq photos monumentales et un tapis en forme d'étang recouvert de coussins/nénuphars. Back to Backyardeden Express est un "train crocodile" pour enfants monté sur rails, le train ayant toujours été considéré comme l'outil par excellence de la conquête coloniale. Avec Market Swamp Democracy, Sergio Vega fait le lien, dans une vidéo mettant en scène des crocodiles, entre ces animaux voraces et le climat parfois violente et impitoyable de la Bourse. La sculpture Crocodila Construct symbolise une fantaisie de l'architecture moderne sous les tropiques, un exemple où la culture imite la nature pour mieux se la réapproprier et apprendre à la maîtriser. En hommage à Marcel Broodthaers, Un jardin d'été invite le spectateur à se frayer un chemin entre palmiers et plantes exotiques pour découvrir ce qu'ils cachent. Cette œuvre est révélatrice de la position du spectateur que l'artiste aime à imaginer dans la peau d'un explorateur...

Comme un paysage Sergio Vega construit son exposition comme un paysage mi-naturel/mi-artificiel, mi-sacré/mi-profane, mi-historique/mi-fictionnel, comme une peinture abstraite, un agencement de couleurs en référence aux Nymphéas de Monet.

Propos de l'artiste "Le projet du Paradis dans le Nouveau Monde est basé sur un livre de Antonio de León Pinelo écrit en 1650, qui expose la théorie selon laquelle le Jardin d'Eden était localisé en Amérique du Sud. Après avoir lu le livre, je suis parti, comme ces moines chrétiens du christianisme primitif, dans un voyage à la recherche du paradis. Après de nombreuses piqûres de moustiques et rencontres avec des perroquets, des crocodiles et des chambres sans air conditionné, j'ai trouvé le Jardin d'Eden dans le Mato Grosso (Brésil). J'ai alors ressenti l'urgence de rapporter des nouvelles de ma découverte au monde : j'ai ainsi rédigé un journal intime et produit des séries de photographies, dessins, vidéos et installations basés sur cette expérience. Le journal fonctionne comme un récipient dans lequel le mythe du paradis, l'histoire coloniale et les conditions socio-économiques actuelles du site sont réarticulés en relatant les rencontres spontanées d'un voyageur." (Sergio Vega)

"Une des singularités du livre de Pinelo est d'avoir tenté de réconcilier le mythe de l'Eden et la nouvelle discipline du temps, les sciences naturelles. C'est pourquoi j'ai imbriqué la politique et la religion, l'histoire naturelle et l'histoire de l'art de manière spécifique au projet. Ma pratique photographique emprunte à un vaste champ d'images et de concepts sur la nature, tous historiquement impliqués dans l'investigation de l'Amérique Latine par le biais de la mythologie édenique. Quand j'observe le naturalisme dans l'histoire de la peinture occidentale, je vois qu'elle dépeint les sites naturels comme point de rencontre entre le mythe et la réalité, souvent à l'aide d'un sensualisme organique hautement séducteur, comme dans le Baroque et le romantisme. D'un autre côté, je crois que les documentaires actuels sur la nature tentent d'illustrer la condition ontologique, les archétypes de cet impeccable état édenique de la création provenant soit des théories de Darwin ou des mains de Dieu. Bien que ces documentaires ajoutent une dose d'effroi pour rendre les films aventureux et divertissants." (Sergio Vega)

Extraits d'un interview avec Nicolas Guagnini, Bomb Magazine

Catalogue A l’occasion de cette exposition est publié un livre regroupant un ensemble de textes inédits de Sergio Vega, extraits de son journal de voyage, et de photographies prises par l’artiste au Mato Grosso, Brésil. - Coédition Palais de Tokyo et Paris Musées, ISBN 2-87900-971-5.

Commissaires du Programme Tropico-Végétal Akiko Miki et Marc Sanchez avec Claire Staebler et Daria Joubert Publication : Frédéric Grossi

Pressetext

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Sergio Vega
"Crocodilian Fantasies"
Kuratoren: Akiko Miki, Marc Sanchez, Claire Staebler, Daria Joubert