Jeu de Paume, Paris

JEU DE PAUME | 1, place de la Concorde
F-75008 Paris

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Cette exposition est la première à présenter, à Paris, le travail de Stephen Shore, artiste américain influencé dès les années 1960 par les œuvres de Andy Warhol, le mouvement du Pop Art, les écrits de Jack Kerouac et les films de la Beat Generation (Easy Rider), mais aussi par les artistes conceptuels et les documentaristes travaillant par séries, comme Bernd et Hilla Becher.

Shore photographie les villes et des paysages, dans une approche formelle de la réalité visible, introduisant des éléments biographiques dans son œuvre depuis les années 1970. Les images en grand format réalisées dans les décennies 1970-1980 ont exercé une influence certaine sur d'autres photographes contemporains, américains et européens, parmi lesquels on peut citer Thomas Struth, Andreas Gursky ou Candida Höfer.

Environ 70 photographies en couleur de grand format, ainsi qu'une douzaine de séries de petits formats — dont la série American Surfaces (3 panneaux muraux formés de 24 photographies chacun figurent dans l'exposition) — ont été réunies dans cet ensemble qui présente également une collection de cartes postales trouvées par l'artiste, et des carnets de route ou journaux de voyage élaborés pendant ses périples à travers l'Amérique. Les grands formats sont présentés pour la plupart sous le titre générique Uncommon Places ; les prises de vues de ces photographies ont été réalisées dans 24 états américains ainsi que dans 3 provinces canadiennes. Les 5 grands paysages de la série Landscapes ont été photographiés en Californie, dans le Wyoming, dans le Montana et au Mexique.

"Entre 1973 et 1979, j'ai effectué une série de voyages à travers l'Amérique du Nord, avec un appareil photo. Il s'agissait surtout de voyages exploratoires : explorer les changements de la culture américaine, explorer aussi la manière dont un photographe peut rendre les fragments de temps et d'espace qui sont à sa portée."

En 1982, Aperture a publié une sélection de 49 images de la série Uncommon Places. Vingt ans plus tard, le photographe a élargi cette première sélection afin de mieux illustrer l'étendue de son projet : le sujet de l'environnement urbain américain reste central, mais la sélection originale, qui s'attachait surtout à montrer des paysages, a été "rééquilibrée" avec des intérieurs, des objets de consommation ou équipements nécessaires à la vie quotidienne, des portraits incluant des autoportraits (Self-Portrait, New York, March 20, 1976 montre le photographe couché dans un lit chez lui, fixant la caméra d'un œil absent).

Pendant toutes ces années, Stephen Shore a exploré l'Amérique du Nord à la manière d'un ethnologue, adaptant son matériel au gré du développement du projet : en 1974, il change ses équipements photographiques afin de résoudre les problèmes nés de la contradiction entre l'utilisation d'appareils à la technique complexe, et la nécessité de préserver une forme de spontanéité. Par ailleurs, le cadre, qui au début jouait un rôle spécifique, perd peu à peu de son importance ; il marque simplement la limite de l'image. Shore écrit alors dans The Nature of Photographs : "Une photographie a des lisières, le monde n'en a pas." Un monde qui continue au-delà de la photographie commence à émerger. Pour illustrer cela, Stephen Shore compare le travail de Walker Evans, dont les photographies montrent "des petits mondes fermés", à l'œuvre de Robert Frank pour qui la photographie est clairement un détail volé au flux de la vie dans sa réalité entière. Cela, Frank le voyait dans le viseur de son Leica.

La photographie Merced River prise le 13 juillet 1979 dans le parc national de Yosemite en Californie annonce la fin du projet Uncommon Places. Elle montre le paysage romantique immortalisé par Ansel Adams, mais dans l'image de Shore une famille en vacances a pris place. Même si quelques images produites ultérieurement peuvent être considérées comme une extension de la série Uncommon Places, Stephen Shore se met alors à photographier des paysages naturels "vides", dans lesquels n'apparaissent ni éléments d'architecture ni êtres vivants — comme ceux de la série Landscapes. Ce n'est que plus tard, en 1993, que le photographe se tournera de nouveau vers l'espace urbain.

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