Mamco Geneva

MAMCO | 10, rue des Vieux-Grenadiers
CH-1205 Geneva

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Le titre de l’exposition reprend la dernière phrase d’un entretien que Thomas Bayrle avait accordé au critique Lars Bang Larsen. Cette formule, qui synthétise sa pratique artistique, en souligne le caractère de flux continu et ouvert. Le principe de combinaison régit toute l’œuvre de T. Bayrle, que se soit sur le plan de la construction formelle de l’image ou sur celui de la thématique des travaux. Depuis le milieu des années 1960, T. Bayrle n’a cessé d’observer et d’interpréter les relations sociales, politiques ou biologiques qui existent entre les individus.

Ses images sont réalisées selon un principe qui consiste à concevoir une forme générale à l’aide d’unités figuratives ou abstraites qui, par leur répétition et leur agencement dans une grille donnée, constituent le motif principal. Ce principe garde un lien avec la pratique du tissage, première formation de T. Bayrle, et se réalise dans plusieurs médiums : la peinture, le photomontage, le film, la sculpture et même les machines. C’est d’ailleurs avec ces dernières que T. Bayrle commence son travail artistique et pose les bases de ses préoccupations futures. Ainsi Mao, 1966, consiste en une machine en bois représentant le portrait de Mao, composé par une multitude de petites figures individuelles. Au départ, ce portrait est moins une représentation idéologique que l’expression d’une fascination pour les images des spectacles chorégraphiés de la Chine populaire qu’il trouvait dans le journal maoïste de Francfort. Comme pour d’autres sujets au contenu ouvertement politique, T. Bayrle souligne le caractère théâtral des rassemblements de masse, qui se retrouve dans des manifestations sportives ou culturelles. Il cherche aussi à donner forme à la relation qu’entretient l’individu à la foule et, par extension, à développer le rapport d’un micro-signe avec une macro-image.

Ces manifestations populaires l’amènent également à considérer la place de l’individu dans un champ programmé, sa position dans la structure et à mettre en évidence le lien entre les masses et l’ornementation. Ainsi s’impose très vite une iconographie de la culture populaire qui met en évidence l’énorme pouvoir de fascination des masses, que ce soit dans le champ de la politique ou dans celui de la consommation. Son iconographie analyse aussi les rapports de l’individu à la société, déterminés par différentes formes d’interactions telles que l’échange d’argent, le flux de la circulation, le trafic de marchandises ou les relations sexuelles. Dès la fin des années 1960, T. Bayrle se concentre sur une forme d’assemblage proche du montage filmique. Il dirige son attention sur les méga-structures urbaines et leur relation évidente avec les masses et le trafic. À partir d’unités photographiques, un immeuble, une façade, un tronçon de rue, il va couper, copier et coller pour réaliser une série de paysages urbains. Ses villes sont comme un puzzle, ou une construction modulaire ; elles prolifèrent sur le mode de la redondance, de la sérialité et se présentent comme des labyrinthes où l’oeil perd tout point de repère. Il réalise aussi des films en collaboration avec Daniel Kohe selon le principe du « couper, copier, coller ». Par exemple, à partir d’un assemblage d’images fixes et de superpositions, T. Bayrle insère une séquence filmée de trafic urbain dans les formes de feuilles d’un gommier. Il suggère ainsi une relation entre le caractère mécanique du film ou du trafic et une entité organique et, par extension, avec les fonctions du corps. Il développera encore cette idée par le biais de la sculpture, par exemple en découpant des bandes de carton et en les agençant en réseaux complexes qui figurent, selon les cas, une structure urbaine ou une molécule.

Le regard que porte T. Bayrle sur la société ressemble à celui d’un ethnologue qui considère son environnement de manière empirique tout en cherchant la distance adéquate à son observation. Son travail est une réflexion constante sur le monde, en particulier sur la société occidentale capitaliste. D’une certaine façon, il tente de mettre en évidence le processus moderne de la construction de l’identité qui ne se réalise plus au niveau premier de la famille mais, de plus en plus, aux niveaux plus complexes des instances de socialisation et de l’espace public médiatisé.

Thomas Bayrle est né en 1937, il vit à Francfort.

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cycle FUTUR ANTERIEUR, sequence d'ete 2009
LE PRINCIPE D'INCERTITUDE
Thomas Bayrle, Their Combination is Spectacular