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Entre Stuttgart et Istanbul en passant par Stockholm, Adnan Yıldız met en oeuvre un art subtil de l’exposition qui prend au Palais de Tokyo la forme d’un rapprochement en apparence incongru entre une miniature ottomane du XVIème siècle et le fond d’écran standard de Microsoft. De l’une à l’autre, c’est le motif du ciel qui émerge : le ciel complexe des astronomes ou le ciel artificiel des utilisateurs d’ordinateurs. De l’un à l’autre, se tisse une exposition en forme d’exploration de l’imaginaire.

« A History of Inspiration » examine les relations épistémologiques entre deux espaces de l’imaginaire, le ciel et l’écran, par le biais de deux documents iconographiques que cinq siècles séparent : une miniature ottomane du XVIème siècle et un papier peint Microsoft. Leur confrontation permet de proposer une appréhension méthodique des rouages de la curiosité et de l’imagination, montrant en particulier que notre conception de l’avenir relate une histoire de l’inspiration.

La miniature représente l’observatoire de l’astronome Taqî al-Dîn à Istanbul. On voit des oulémas, c’est-à-dire des savants versés dans les sciences de l’islam. Ces chercheurs et intellectuels ont oeuvré à un très haut niveau d’interdisciplinarité entre les mathématiques, l’astronomie, l’astrologie, la médecine et la poésie, entre autres. Munis des instruments de leur époque, tels que les règles, compas, astrolabes et télescopes, ils procèdent à des mesures inspirées par leur soif de connaissance. Le papier peint Microsoft est une image passe-partout, un motif standard diffusé à travers le monde. Cette représentation artificielle du ciel est fournie à des millions d’utilisateurs pour servir d’arrièreplan du bureau sur leur ordinateur.

L’envie de savoir ce qui va se passer plus tard est une composante importante de la psychologie humaine. De l’astrologie au tarot, de la géographie à la science, le ciel que nous avons tous en commun semble laisser le champ libre à l’imaginaire pour l’invention du futur et la mise en perspective de l’humanité. Les technologies actuelles de l’image reposent sur le codage, la transmission et le traitement d’informations par l’intermédiaire d’écrans ou de projecteurs de plus en plus petits et personnalisés. Dans la plupart des configurations, le ciel conserve son rôle archétypal de support conceptuel. Alors que la réalité virtuelle prend le pas sur la perception concrète de l’espace, le réflexe de regarder le ciel continue à se matérialiser dans les protocoles de la science et de la technologie. Les références au ciel nous renvoient au désir de connaître l’avenir. La prévisibilité n’est pas la même pour les questions d’ordre pratique, comme l’arrivée ou non de la pluie, et d’ordre spirituel, comme la présence ou l’absence de dieu(x).

CURATEUR Adnan Yıldız (né en 1979 à Karaman en Turquie, vit et travaille à Stuttgart) a participé en 2006-2008 au programme de recherche CuratorLab à l’université Konstfack de Stockholm, et il figurait en 2012 parmi les finalistes du prix de l’Independent Curators International. Directeur artistique du Künstlerhaus de Stuttgart depuis janvier 2011, il y présente une série de doubles expositions monographiques intitulées « Dialogues artistiques ». En 2012, il a organisé sur le même principe les expositions « Enquêtes méthodiques » à la galerie Polistar d’Istanbul, ainsi que les échanges « Critical Voices » entre le Künstlerhaus de Stuttgart et la Platform3 de Munich.

AVEC Erdağ Aksel, Aaron Angell, Mariechen Danz, Michael Dean, Cevdet Erek, Nilbar Güreş, Toril Johannessen, Ahmet Öğüt, Wael Shawky, Slavs and Tatars, KIBLENÜMA

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A history of inspiration

artists:
Erdag Aksel, Aaron Angell, Mariechen Danz, Michael Dean, Cevdet Erek, Nilbar Güres, Toril Johannessen, Ahmet Ogut, Wael Shawky, Slavs and Tatars , KIBLENÜMA