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Née à Beaver, USA en 1971, vit et travaille à Genève et Brooklyn.

L’artiste américaine exploite à travers ses travaux les bizarreries de sa culture d’origine et de la Suisse où elle est installée.

Deux couronnes de reines, une rose rouge et une étoile en or sont des symboles de bonheur. Dans ce contexte, une gigantesque lanière de botte brune ne semble visiblement pas à sa place. Trois grands dessins sur toile, respectivement appelés Rose Queens [Les reines des roses], Happy Trails [Joyeux sentiers] et Monstro, définissent le contexte des fragments présentés. Des images documentaires des chars d’anciennes parades de la Rose Bowl de Pasadena ont fourni les sources de ces «dessins commémoratifs». Commémorer des chars de parade vise à souligner leur statut de monuments très temporaires de la culture populaire vernaculaire. Les fragments de char reprennent des détails présents dans les dessins. L’étoile en or fait référence au gigantesque éperon à cinq pointes que l’on trouve dans Happy Trails, le dessin montre une paire de bottes (deux chars en fait) se baladant dans la rue, alors que la lanière de botte brune paraît avoir été arrachée à l’une des deux chaussures. La rose rouge et les couronne de reines sont des accessoires tirés de «Rose Queens», un char originellement construit pour abriter un concours de reines de beauté.

Durant les dernières 113 années, la parade de la Rose Bowl s’est tenue le jour du Nouvel An à Pasadena, en Californie. Ses organisateurs souhaitaient vanter le climat hivernal tempéré de leur région. «Organisons un festival pour faire connaître au monde entier notre paradis», écrivit l’un d’entre eux. La bibliothèque historique de Pasadena témoigne par ailleurs qu’un autre des organisateurs de la parade visita la Bataille des fleurs qui se tient chaque année à Nice.

Les chars de parade sont également remarquables en raison de leurs traits décoratifs si ridiculement fantaisistes par rapport à la propagande qu’ils véhiculent. L’ordre fraternel des Odd Fellas and Rebekahs présenta, lors de la parade de la Rose Bowl de 1968, un char de fleurs intitulé : Hark, Hark, the Ark [Ecoutez !, Ecoutez !, l’arc]. Le programme officielle de la manifestation le décrivit ainsi : «Une représentation de la fabuleuse entreprise de Noah afin de sauver le règne animal de quarante jours et quarante nuits de pluie». Originellement, l’arche été recouvert de chrysanthèmes blancs, le toit de chrysanthèmes roses et le pont d’un torrent de roses rouges : une scène biblique archaïque et fondamentaliste déguisée en gigantesque peluche à caresser ! Un autre char monumental, construit par Kodak cette fois, montrant America the Beautiful [La belle Amérique] (1977), dressait le portrait de scènes idylliques de la vie de famille américaine sur un plateau circulaire rotatif imitant un film. Chacune – présentée comme un cadre photographique arrêté et dédiée à une valeur familiale particulière – était réalisée à partir de matériaux organiques (l’une était entièrement faite de graines d’oignons). En dernier lieu et très ironiquement, la Union Oil Company de Californie présenta un globe rotatif constitué de 8000 roses de couleur rose intitulé A World of Adventure [Un monde d’aventure]…

Amy O’Neill / mars 2005

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