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Née à Los Angeles en 1968 où elle vit et travaille, Catherine Sullivan étudie le théâtre avant d’étudier les arts plastiques. Elle filme ses performances érudites et citationnelles. L’œuvre présentée juxtapose des extraits d’une production de 1943 d’un drame jacobéen de John Ford au Wadsworth Atheneum… et une performance du Festival Fluxus de 1964 à Aix-la-Chapelle.

‘Tis Pity She’s a Whore, (dommage qu’elle soit une catin) publiée en 1633, est d’abord une œuvre dramatique écrite par John Ford, considéré par les critiques comme le dernier grand dramaturge de la renaissance anglaise. L’histoire raconte la relation entre Giovanni et sa sœur Annabella qui se termine dramatiquement. Catherine Sullivan fait référence à la pièce de théâtre jouée en 1943 avec “Chick” Austin. Sullivan s’appuie précisément sur cette représentation au Wadsworth Atheneum à Hartford, Connecticut dont Austin fut également le directeur. Le contenu de la pièce (inceste, meurtre) et le contexte (seconde guerre mondiale) font scandale et valent le renvoi d’Austin.

La représentation de 1943 est mise en relation avec une série de performances données en 1964 à l’Amphithéâtre de l’Académie Technique de Aix-La-Chapelle (Audimax project, 20 juillet 1964) pendant un festival Fluxus avec Bazon Brock, Ludwig Gosewitz, Erik Andersen, Arthur Koepcke, Robert Filliou, Wolf Vostell et Joseph Beuys. Cet événement coïncide avec le jour de l’appel à la résistance contre Hitler en Allemagne vingt ans auparavant. Les artistes saisissent cette occasion pour évoquer cette date historique dans leur travail. La tension culmine quand Beuys prend un coup de poing dans le visage et sans interrompre son action, ensanglanté, brandit un crucifix face au public. L’artiste américaine considère cet événement comme l’un des moments clés de l’avant-garde et tente de reconstruire ce projet en 2003 en l’associant à la référence théâtrale et à son personnage principal.

L’œuvre Tis Pity She’s a Fluxus Whore est composée de deux vidéos (filmées en 16 mm transférées en DVD) présentées en diptyque. Filmées dans les deux lieux de présentation d’origine (on voit Hartford sur l’écran de gauche et Aix-la-Chapelle sur l’écran de droite), un seul acteur incarne tous les personnages à l’aide de postures, de travestissements.

L’œuvre évolue à chaque présentation. Elle peut être alimentée de photographies ou d’objets en rapport avec les objets Fluxus (par exemple, des photogrammes d’objets, des chaises de Brecht, ou des prises faites lors du tournage des films…).

Au Magasin d’en face, les vidéos sont montrées sur moniteur avec une série de 18 photographies couleur. The Potential Interlocutor (2003) montre des détails de graffitis griffés sur les sièges en bois de l’Audimax à Aix-la-Chapelle. Pour l’artiste, il s’agit de représenter un public potentiel de ces nouvelles performances ainsi proposées.

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