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20-28, rue Cité-Derrière
1005 Lausanne

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artists & participants

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Comment vivre la ville aujourd'hui? Au-delà du genre traditionnel du paysage urbain, l'exposition propose d'explorer les conditions de vie urbaine d'un point de vue critique. La perspective reste ouverte : sociale et culturelle, économique comme politique. Les "conditions urbaines" sont illustrées par des œuvres d'artistes conscients de la portée documentaire de la photographie. Certaines de leurs images sont focalisées sur le vécu quotidien des individus citoyens (crise du logement, identité socioculturelle, fragilité), alors que d'autres offrent des vues d'ensemble de la ville ou un aperçu du contexte actuel de nos lieux de vie (fragmentation des espaces de sociabilité, économie globale). Les images suscitent de multiples réflexions alliant éthique et esthétique – la photographie étant à la fois art et document – en évitant autant les pièges de l'art militant que ceux de l'esthétisme sans message critique. Outre les cinq artistes accrochés sur les cimaises et l'invité spécial, cette exposition collective donne une place importante aux jeunes talents: une dizaine de photographes sont présentés dans un diaporama intitulé "Quel paysage urbain pour demain?" Special guest ! L'artiste de renommée internationale Allan Sekula (Los Angeles) a réalisé le diaporama "Waiting for Tear Gas" à partir des images qu'il a prises en 1999 à Seattle lors des manifestations contre la World Trade Organisation. L'artiste, qui fait autant appel à l'image qu'au texte, défend un réalisme critique et engagé, comme dans son œuvre majeure, Fish Story, présentée à la Documenta 11 à Kassel en 2002. Aux cimaises… L'artiste Valérie Jouve (Paris) "compose, comme on le dirait d’un musicien, avec les rythmes de la ville, ses sonorités de formes et de couleurs. Dans ces compositions, s’inscrivent des personnages mis en scène qui s’insinuent dans l’espace avec leur temps propre et leurs fragilités." 1 Stéphane Couturier (Paris) explore les façades de grands immeubles, de Séoul à Moscou via Paris La Défense, entre anonymat et monumental. Ses photographies confrontent le spectateur à l'effet d'uniformisation propre à la mondialisation. Deux vidéos DVD inédites sont présentées dans l'exposition. Les images de Julien Gregorio (Genève) tirées de "Neptune" traitent de lieux en marge de la société capitaliste, les squats de Genève, lieux à la fois produits par cette société et obscurs révélateurs de ses manques. Le photographe a su tirer parti d'une qualité esthétique propre aux immeubles visités et rendre compte du quotidien de leurs occupants (la vie communautaire), tout en privilégiant la portée politique d'une situation sociale complexe et précaire. Un travail documentaire d'une grande sensibilité. Joël Tettamanti (Lausanne) présente les envers du décor dans "Lendemain de fête", photographies prises lors du démontage d'expo 02, événement hautement politique et médiatique mais qui soulève les questions de l'identité nationale et de la situation économique fragile d'un pays coupé de l'Europe. Matthieu Belin (Paris) a réalisé "Beijing" en 2002 lors d'un séjour en Chine. Après avoir été sélectionné pour la 18e Bourse du Talent, il a présenté ce travail au Forum social de la Villette: des vues urbaines de Pékin à l'atmosphère ultramoderne et froide, signes de la mondialisation, sont mises en parallèle avec des portraits de Chinois, qui évoquent ceux d'August Sander mais sont coupés en dessous de la taille. Diaporama de jeunes talents : Quel paysage urbain pour demain? Dans cette projection, les photographies n'impliquent pas nécessairement une intention critique sur le plan social ou politique. Elles interrogent cependant l'avenir des villes, les nôtres et celles d'ailleurs. Certains jeunes talents sont sensibles à la poésie des divers paysages urbains – lieux de passage, site industriel de nuit, chantiers inondés, immeubles en ruine ou en démolition – alors que d'autres photographes affrontent de plus dures réalités quotidiennes par le biais du reportage ou du documentaire social. Les apparences s'avèrent alors parfois trompeuses : une "jolie" image de Bobigny représente cette banlieue ouvrière de Paris sans montrer de violence, révélant ainsi nos propres a priori sur la "zone"; de même, une rangée de containers évoquant l'intervention in situ d'un artiste contemporain s'avère être un "effet collatéral" du G8 à Evian… La suggestion, l'humour, un brin d'esprit ludique apportent parfois une certaine légèreté à des problématiques préoccupantes. Graziella Antonini (Suisse, vit à Paris) découvre le Japon au cours de sa "Promenade en ville(s)", après l'avoir évoqué dans "Voyage imaginaire au Japon" présenté aux Voies Off 2001 lors des rencontres d'Arles. Elle se joue ici des stéréotypes occidentaux sur ce pays qui la fascine sur le plan esthétique, et dont elle pointe les contradictions liées à une cohabitation parfois étrange de la tradition et de la modernité. Michael Blaser (Berne) réalise dans l'espace urbain et périurbain des "Autoportraits" exempts de tout narcissisme : il choisit des lieux assimilés à nos trajets quotidiens et évoque les situations les plus banales. Il met ainsi en évidence le fait que nous sommes souvent mentalement absents des endroits traversés ou, plus précisément, que notre identité semble comme suspendue, cachée derrière une attitude distante. Awen Jones (Suisse, vit à Paris), dans "Echos balbyniens", propose une alternative aux représentations négatives de la banlieue de Bobigny, chef lieu du mythique arrondissement "quatre-vingt-treize" comportant 60% de HLM. Après avoir interrogé des Balbyniens, elle a constaté qu'ils sont paradoxalement satisfaits de leur lieu de vie, tout en donnant une définition négative de la banlieue. La photographe nous invite à découvrir une redéfinition de l’espace urbain et de ses enjeux contemporains. David Giancatarina (Marseille) a débuté en 1999 son projet "Paysages urbains" à travers le monde. Les images présentées sont réalisées en Egypte. Elles mettent en relation lieux de mémoire et lieux de mutation, dans une esthétique du fragment attentive aux matières comme aux couleurs des villes à l'apparence changeante. L'Orient y côtoie parfois de manière incongrue des aspects venus d'Occident. Andreas Rubin (Suisse, vit à Birmingham) réalise "Dedans-Dehors" à Madrid en 2003. Alors que les structures architecturales intactes forment l’espace public des villes, la destruction d'immeubles révèle des espaces cachés. Les cours intérieures et les "joints" des bâtiments sont exposés à la vue des passants, permettant parfois de deviner le mode de vie de leurs anciens habitants. Barbara Haemmig (Lausanne) est fascinée par l'atmosphère particulière qui se dégage de chaque chantier avant qu'il ne devienne un bâtiment semblable aux autres, tel que le dicte l'économie. L'endroit vit et respire, se transforme au fil des jours. Jeux de lumière et d'espace, dialogue entre l'eau et le béton, l'éphémère est ainsi au cœur de ses photographies de "Chantiers" prises à Vevey et Montreux (transformation du casino). Vanina Moreillon (Vevey) présente ainsi "Vespéral", série de photographies nocturnes d'un site industriel : "Proposition de voyage vers une destination peu convoitée : l’usine. Il est là possible, malgré les apparences, d’entrer dans une autre forme de réalité, onirique et sensuelle, comme si l’industrie elle-même émettait le désir de se sortir de sa condition d’objet laid et fonctionnel, devenant une entité de métal ou d’autre matière, prise dans le bleu vespéral qui tend à faire répercuter les sons que semblent émettre les lieux." Cintia Stucker (Vevey) réalise "Quarantaine" à l'occasion du sommet du G8 à Evian, alors que les villes suisses de l'arc lémanique se protègent d'éventuelles "attaques" de manifestants altermondialistes. Ses images sont volontairement dé-dramatisées, calmes, apparemment sans action. Mais il en naît rapidement un contraste – à la limite de l'absurde – entre les containers, barrières ou barbelés, et les lieux aux allures bucoliques (campagne près de l'aéroport de la Blécherette, bord du lac à Vevey et Ouchy, jardins publics). Julien Gregorio (Genève), également exposé aux cimaises, propose ici une sélection de son travail "Neptune" dans sa dimension plus politique : crise du logement, expulsions, mobilisation, esprit de solidarité des squaters, etc. De nombreuses questions sont ainsi soulevées sur les conditions de vie urbaine de demain. Matthias Bruggmann (Lausanne) maîtrise parfaitement l'image du reportage sur le terrain, au point de citer consciemment dans ses photographies de célèbres auteurs qui l'ont précédé. Il accepte les mandats les plus dangereux, dans des pays où les photographes sont généralement très mal accueillis. Après avoir été en Irak, le jeune reporter à suivi de près les terribles tensions en Haïti liées au départ d'Aristide en mars 2004. La violence urbaine est extrême, l'image d'une telle réalité est insoutenable, et c'est pourtant le vécu quotidien d'une population meurtrie s'interrogeant sur l'avenir de son pays. 1 Eric Corne, texte d'exposition, le Plateau, Paris, 2003. NASSIM DAGHIGHIAN

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CONDITIONS URBAINES
Fotografie
Kurator: Nassim Daghighian

mit Matthieu Belin, Stephane Couturier, Julien Gregorio, Valérie Jouve, Allan Sekula, Joël Tettamanti, Graziella Antonini, Michael Blaser, Matthias Bruggmann, David Giancatarina, Barbara Haemmig, Awen Jones, Vanina Moreillon, Andreas Rubin, Cintia Stucker