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Felice Varini et Michel Verjux qui ont dans leurs travaux respectifs une forte propension à investir globalement l’espace ont été amenés plusieurs fois à exposer ensemble, en toute complicité. Chaque exposition est l’occasion non pas d’une confrontation mais d’une nouvelle expérimentation qui devrait permettre de mettre en scène et de révéler les dispositifs qui les animent. Habitués tous deux à agir et réagir sur l’espace en trois dimensions, ils poursuivent et illustrent cette collaboration entre art et architecture que mènent conjointement la galerie Catherine Issert et Valode&Pistre Architectes.

Felice VARINI

L’espace architectural, et tout ce qui le constitue, est mon terrain d’action. Ces espaces sont et demeurent les supports premiers de ma peinture. J’interviens in situ dans un lieu chaque fois différent et mon travail évolue en relation aux espaces que je suis amené à rencontrer. En général je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. A partir de ses différentes données spatiales et en référence à la dernière pièce que j’ai réalisée, je définis un point de vue autour duquel mon intervention prend forme. J’appelle point de vue un point de l’espace que je choisis avec précision : il est généralement situé à hauteur de mes yeux et localisé de préférence sur un passage obligé, par exemple une ouverture entre une pièce et une autre, un palier… Je n’en fais cependant pas une règle car tous les espaces n’ont pas systématiquement un parcours évident. Le choix est souvent arbitraire. Le point de vue va fonctionner comme un point de lecture, c’est-à-dire comme un point de départ possible à l’approche de la peinture et de l’espace. La forme peinte est cohérente quand le spectateur se trouve au point de vue. Lorsque celui-ci sort du point de vue, le travail rencontre l’espace qui engendre une infinité de points de vue sur la forme. Ce n’est donc pas à travers ce point de vue premier que je vois le travail effectué ; celui-ci se tient dans l’ensemble des points de vues que le spectateur peut avoir sur lui. Si j’établis un rapport particulier avec des caractéristiques architecturales qui influent sur la forme de l’installation, mon travail garde toutefois son indépendance quelles que soient les architectures que je rencontre. Je pars d’une situation réelle pour construire ma peinture. Cette réalité n’est jamais altérée, effacée ou modifiée, elle m’intéresse et elle m’attire dans toute sa complexité. Ma pratique est de travailler ‘ici et maintenant’.

Felice Varini

Michel VERJUX UN PARCOURS, EN BREF : MICHEL VERJUX PAR LUI-MÊME

Michel Verjux a tout d’abord pratiqué la poésie entre 1973 et 1983 (publication à partir de 1977) et le théâtre (jeu, mise en scène et décors entre 1976 et 1979), parallèlement à une pratique réflexive (philosophique) permanente et une pratique plastique en discontinu. Il a ensuite pratiqué, pendant et à la suite de ses études à l’École nationale des Beaux-arts de Dijon (entre 1979 et 1983), la performance et l’installation multimédia (utilisant à cette époque, entre autres, le corps, la vidéo et la projection de diapositives).

A partir de 1983, Michel Verjux concentre sa pratique artistique uniquement sur celle des arts visuels et plastiques. Dès lors, ses œuvres – qu’il appelle, d’une façon générique, des " éclairages – sont créées à partir d’éléments physiques et techniques assez simples. Elles sont principalement constituées de projections de lumière (électrique), directionnelles, cadrables et focalisables. Tout d’abord conçues (envisagées abstraitement) par rapport à un certain nombre de caractéristiques de situations-types, elles sont ensuite adaptées aux situations-occurrences dans lesquelles elles sont réalisées. Elles sont donc toujours aussi créées en relation avec la tonalité (l’atmosphère) et les caractéristiques physiques, structurelles et fonctionnelles de ces situations-occurrences dans lesquelles elles sont (concrètement) exposées.

La plupart du temps réduites à des formes (ou images) géométriques élémentaires de lumière projetées dans l’espace architectural, ces œuvres provoquent souvent dans l’ici et maintenant de leur perception, une sensation immédiate de clarté et de spatialité, un sentiment de présence au monde. Elles éclairent, révélent, voire transforment l’espace, mais elles peuvent aussi et surtout être vues comme des indices et des symboles de l’événement, de l’acte, du fait et du dispositif d’exposition.

De telles œuvres mettent particulièrement en avant les points suivants. La lumière, par delà son évidence, sa force et sa séduction immédiate, est un élément physique et actif ; et cet élément est nécessaire au fait de montrer et à celui de voir, en général (dans la vie ordinaire), et, en particulier, dans les arts visuels et plastiques. Une telle lumière, en acte dans une situation d’exposition réelle au regard du visiteur, c’est de l’éclairage. Et un éclairage est toujours en interaction avec d’autres facteurs physiques intrinsèques à chaque situation d’exposition : l’espace architectural, intérieur ou extérieur (habitat, espace urbain, paysage rural) ; le temps de l’exposition (sa durée) et celui du parcours du visiteur ; la matière, les formes et la structure constitutives des surfaces et objets rencontrés (réflexions, ombres, couleurs, textures,…) et la lumière ambiante préexistante – et, finalement, en interaction avec les facteurs spécifiquement humains (le regard, le parcours et la compréhension du créateur comme du visiteur).

En ce qui concerne ce dernier point – les usages que nous faisons véritablement des œuvres et donc les significations que nous leur donnons –, Michel Verjux considère souvent son activité comme " thérapeutique ". Il espère par là qu’à partir de ce qu’il expose – ses " éclairages " –, puisse se développer une interrogation salutaire, tout d’abord du point de vue de ce que fait l’artiste, sur les raisons et les résultats de l’acte artistique, sur la surproduction actuelle d’objets et de signes ainsi que sur quelques autres questions proches, et ensuite, du point de vue de ce qu’est amené à faire le visiteur, sur les motivations et réactions de celui-ci, c’est-à-dire, au bout du compte, sur ses propres attentes, dispositions, visées, pratiques, stratégies et intérêts vis-à-vis des œuvres d’art en général…

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Felice Varini et Michel Verjux chez Valode & Pistre