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Dans son dernier travail, intitulé Ecostream, Guillaume Janot explore par la photographie certains environnements artificiels ou reconstitués. De Disneyland au jardin botanique de Sydney, en passant par Pékin ou le zoo de Vincennes, l'univers des images qui composent ce corpus est celui d'espaces à forte dimension factice, délocalisés et fabriqués de toutes pièces, dont l'usage est essentiellement voué aux loisirs.

L'exposition à la Fondation d'entreprise Ricard présente un ensemble de photographies inédites réalisées entre 2007 et 2009. Le titre de la série, qui est aussi le titre de l'exposition, est emprunté à un lieu particulier d'un grand parc public de Pékin, où le promeneur peut s'immerger dans une campagne fleurie, idyllique où l'illusion de nature (à la fois sauvage et rassurante) est savamment mise en scène. A travers ce travail, loin de « mettre à distance » ou d'opérer un pas de côté pour révéler/dénoncer l'artificialité et la dimension factice des lieux, l'artiste, au contraire, prolonge, sur-joue par l'image leur tentative (ou la nôtre), parfois naïve, d'immersion dans un «ailleurs». De prime abord trompés, nous parcourons ainsi par l'image un monde et ses singularités, un monde qui nous semble familier ou exotique, et dont seul le titre des photographies, qui situe et nomme les lieux, nous révèle leur réelle nature.

« Depuis bientôt une quinzaine d'années, Guillaume Janot questionne la représentation photographique et ses différents espaces sur le mode de l'itinérance. Ensemble de photographies inédites réalisées entre 2007 et 2009, la série Ecostream présentée à la Fondation d'entreprise Ricard s'intéresse tout particulièrement à certains environnements artificiels ou reconstitués, avatars de la société de loisir. Le titre Ecostream provient du nom donné à l'endroit particulier d'un grand parc public de Pékin, où une campagne fleurie, idyllique, savamment reproduite, devient le cadre dans lequel le promeneur peut se plonger, et se retrouver dans l'illusion d'une nature à la fois sauvage et rassurante. Cultivant l'ambiguïté des origines géographiques et des sources iconographiques, Ecostream propose une ballade par le biais d'un corpus de vignettes nomades et improbables, qui oscille entre le déplacement cosmopolite et un dépaysement incertain. Muraille de Chine, château de Bavière, forêt tropicale, Guillaume Janot passe en revue le répertoire d'une imagerie standardisée et référencée, qu'il décline dans un jeu avec l'esthétique de la réplique et la notion de parc planétaire. Mêlant impressions de déjà vu et de reconnaissance face à des paysages archétypes, le regard du spectateur n'a de cesse de naviguer entre le vrai et le faux supposé. Parce qu'il brouille les pistes en prolongeant les effets et le caractère fictif de ces décors agencés, Guillaume Janot donne à ces univers factices une connotation prismatique. Clichés à partir de clichés, les œuvres du photographe procèdent de l'amplification des particularités génériques de ces lieux. Grâce à un travail de cadrage et de composition délibérément neutre, en instiguant le doute et le trouble, par ce sur jeu de l'image, l'artiste met en scène l'immersion dans un « ailleurs ». Disneyland, le jardin botanique de Sydney, le zoo de Vincennes ou la ville de Pékin, constituent dès lors les supports et la toile de fond à une flânerie paradoxale, où la nature et l'identité des endroits visités semble toujours en suspens. A travers un sentiment d'exotisme diffus, lointain et familier, Ecostream s'appréhende comme une perspective qui s'expérimente à l'échelle du village mondial et de la globalisation des flux contemporains. A l'aune de l'hyper-industrialisation du voyage, reflet de l'époque, l'exposition révèle, diffuse et met en exergue certains des phénomènes de circulation et de condensation emblématiques à l'œuvre dans la sphère moderne. Points de vue, images du monde, de ses singularités et de ses projections. »

Frédéric Emprou

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Guillaume Janot
ECOSTREAM