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Guillaume Pilet (1984, Suisse) est à la fois peintre, céramiste, commissaire et dessinateur. Il fait partie de cette jeune génération d’artistes, curieux de tout. « En art, je m’intéresse à tout, aussi bien aux pères fondateurs qu’à leurs enfants illégitimes. Je peux apprécier Fernand Léger et Andy Warhol, comme je peux être touché par la naïveté d’un tableau trouvé dans une brocante »... « je m’intéresse à toutes les démarches visant à l’expansion du champ de l’art, ambitieuses et sans compromis ».

Usant dans une grande simplicité de diverses variétés de techniques et de références, Pilet fait de l’héritage et du discours historico-culturel le thème même de son art et l’applique avec une rigueur conceptuelle manifeste et un esprit critique empreint « d’empathie » dans ses oeuvres. Chez lui, art et artisanat, culture savante et culture populaire, art primitif et formes de présentation académiques ne sont pas antinomiques, tout se côtoie sur un même plan, il aime l’idée du cabinet de curiosité.

Ce décloisonnement des différents types de représentation et l’apparente légèreté de ses oeuvres dévoilent à qui sait le voir une maîtrise épatante des influences, un dialogue surprenant et ludique entre code de l’art et bricolage « une digestion inédite et décontractée de la modernité ». Parce que chaque nouvelle pièce produite est autonome, l’exposition devient une étape importante et fascinante pour l’artiste. Elle l’oblige à restituer une cohérence à l’ensemble.

Pixuresque, titre de son exposition fait clairement référence au pittoresque de la langue française, donc à l’idée de peinture mais également au terme anglais d’image exprimé dans une orthographe issue du langage internet.

Placée en vitrine, la peinture «Bricks n°1», medium radical qui fascine l’artiste depuis toujours, ouvre l’exposition. Le motif de mur en briques présent à plusieurs reprises s’attachant autant au trompe-l’oeil qu’au psychédélisme, à la peinture postmoderne ou au décor de sitcom, place sur un pied d’égalité l’ensemble des peintures accrochées et un groupe de céramiques monochromes. La série de nouvelles céramiques placées sur socle, matériau de prédilection de l’artiste « j’aime ce rapport primaire au modelage, et je trouve cela très joli », spécialement réalisée pour cette exposition, marque encore l’occasion d’exprimer sa fascination pour les displays d’exposition, aussi bien celui d’un magasin de brocante ou d’un musée traditionnel, ou des agencements domestiques. Apparenté à un archipel, chacun de leurs noms rappelle une île du Pacifique, charmant support à projections romantiques. « Ne copiez pas trop d’après nature. L’art est une abstraction. » Paul Gauguin

« Ce qui est fascinant dans la production de Guillaume Pilet, c’est comment un imbroglio polyréférentiel où l’histoire de l’art et de la pensée cosmogonique alliées à des procédés de création artistique simples créent un tissu narratif, des histoires à dépeindre. C’est une définition vraisemblablement possible du titre néologique de la dernière exposition de l’artiste — Pixuresque.

Pour ses nouvelles compositions en céramique, Guillaume Pilet a puisé son inspiration dans un répertoire de fruits, de fleurs et d’animaux exotiques. L’impulsion réside dans le jeu d’associations impromptues; les compositions ne tiennent ni compte de l’origine géographique des éléments ni de leurs rapports de proportion. En ce sens, l’approche est pixuresque: c’est le potentiel subliminal qui importe, la création d’un bestiaire de l’imaginaire, non la représentation naturaliste. Les sculptures en grisaille se confondent sur leurs socles en MDF anthracite aux volumes variables. Le dispositif s’organise sur un mode de relation archipellaire. Les compositions Pixuresque sont affixées d’un nom d’îles du Pacifique, ainsi ‹ Pixuresque (Pukapuka) › ou ‹ Pixuresque (Tepoto) › que la construction phonologique onomatopéique rapproche, peut-être, du javanais.

La série de peintures ‹ Sassy ›, dérivée d’une affiche présentant du mobilier Tiki où se mêlent motif léopard et le slogan ‘SASSY and SEXY’, explore le champ sémantique relatif au motif. Par modulation et un principe d’appropriation, le système de pattern permet la déclinaison à l’infini. C’est efficace. Le motif du léopard, à connotation antinomique – dont l’imprimé textile évoque aussi bien la cocotte que l’industrie de la mode — vient à nouveau souligner le caractère radicalement facétieux et tant loué de Guillaume Pilet. C’en est pittoresque.

Un morceau de tissu tie-dye en rab devient toile: dans ‹ So What › l’oeil du batik est recouvert d’une pastille de peinture colorée; dans la série ‹ CRAB NEBULA › le tissu est enroulé sur lui-même, peint et redéployé. Le châssis modélise un concept en objet: le monochrome rouge ‹ Welcome to heartbreak › est défini sur le symbole du coeur, un coeur subtilement fendu par une ligne en zigzag. Les procédés mécaniques de production toujours élémentaires ainsi qu’une part d’ingéniosité instinctive rendent visible le spectaculaire latent .» [Fanny Benichou]

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Guillaume Pilet
Pixuresque