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Le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg présente, du 18 novembre 2005 au 26 février 2006, les œuvres de l’artiste letton Gustav Klucis (1895-1938). Première rétrospective de l’artiste organisée en France, cette exposition sera constituée de plus d’une centaine d’œuvres et documents (photomontages, affiches, projets d’architecture, aquarelles) réalisés dans l’entre-deux guerres. Toutes les pièces sont issues du riche fonds du Musée des Beaux-Arts de Lettonie.

Klucis est né le 4 janvier 1895 en Lettonie. Après la guerre, il ouvre son propre atelier à Moscou. Parallèlement, il suit les cours de Kazimir Malevitch puis ceux d’Antoine Pevsner. Il s’intéresse alors fortement au suprématisme et aux idées constructivistes exprimées dans le Manifeste réaliste de 1920, et affirme vouloir " bâtir une réalité nouvelle qui n’existe pas encore. "

En 1919, il réalise un des premiers photomontages de l’histoire, Ville dynamique, qui constitue le début d’une série d’œuvres sur ce sujet. L’union du papier, de la gouache et des photographies collées matérialise son intérêt pour " la facture, les constructions, les expérimentations colorées, les différents échafaudages de villes fantastiques. "

En 1920, il rejoint le Parti communiste et réalise des créations destinées à la diffusion de messages de propagande. Ce sont les Kiosques et les Tribunes qui abritent les orateurs de la Révolution, les Haut-parleurs et les Enseignes qui vantent haut et fort les exploits du peuple rouge. D’autres travaux utilitaires s’élaborent : imprimés, livres, affiches, décors de salles d’exposition. Toutes ces créations témoignent de l’importante entreprise mise en place par le Parti afin de valoriser la machine révolutionnaire et l’Homo sovieticus – le nouvel homme soviétique.

En 1924, Lénine décède. Klucis quitte alors les formes abstraites et perfectionne sa technique du photomontage. Il réalise des travaux dans lesquels la figure de Lénine apparaît majestueuse. Parmi eux, les collages pour le poème Lénine de Maïakovski. Klucis cherche à faire de la photographie une alternative à la peinture de chevalet. Ses photomontages transcendent le quotidien, expriment les idéaux de la révolution. Tout y contribue à inspirer au spectateur un sentiment de grandeur, d’appartenance à un destin commun : les ruptures d’échelle, les contrastes, l’état d’apesanteur aboli, les marches d’ouvriers, de paysans, les buildings et les fières cheminées d’usine contribuent à l’impression de dynamisme, de force et d’élévation.

Au début des années trente, les photomontages de Klucis atteignent parfois des formats monumentaux. L’art de l’agit-prop – l’agitation-propagande – bat alors son plein. Cofondateur du groupe Oktiabr (Octobre) en 1928, Klucis regroupe autour de lui des artistes dont les activités s’étendent aux domaines du livre, de la brochure, des couvertures de magazines, des journaux mais aussi de l’affiche.

L’art de Klucis est bientôt reconnu de manière internationale. Pourtant, ses créations dérangent. La liberté d’invention contribue à sa perte. Lors des purges staliniennes, il est interné dans un camp. Il y décède six années plus tard. Ses dernières œuvres, réalisées dans les années précédant son arrestation, représentent des paysages peints à l’aquarelle. On y voit figurer des lieux champêtres et des visions urbaines nostalgiques. Le caractère national et combatif s’efface, laisse place au sensible.

Cette exposition se déroule dans le cadre de " L’Étonnante Lettonie ", ensemble de manifestations culturelles lettones organisées en France en 2005.

Un catalogue sera publié à l’occasion de l’exposition. Avec des contributions d’Irena Binzinska, Blanche Grinbaum-Salgas, Emmanuel Guigon et une anthologie de textes de Klucis.

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Gustav Klucis (1895-1944)