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De sa longue formation de biologiste Jochen Lempert a conservé l’habitude d’observer le réel sous toutes les coutures, de le soumettre au rayonnement de la lumière, de le soupeser lentement, de l’ausculter. Depuis qu’il est photographe, il a en plus acquis la faculté de se laisser surprendre de façon désintéressée, de ne pas chercher à comprendre : d’aiguiser au jour le jour sa capacité d’étonnement… Or c’est par l’observation pour ne pas dire la contemplation que vient l’étonnement chez lui. Et c’est ainsi qu’il guette la présence animale là où elle est la plus furtive : dans l’environnement urbain en particulier. Nombreux sont les oiseaux perdus en particulier dans ses images, comme cette silhouette fragile et pourtant majestueuse volant près d’un building inhospitalier et qui nous renvoie à notre condition d’habitant précaire. Car derrière la question de la présence de l’animal se pose celle de la présence tout court, que les animaux soient isolés ou qu’ils soient vus en groupe : nuée d’oiseaux, d’insectes ou bans de poissons discernables à quelques rides à la surface de l’eau. Et ce qu’il y a de remarquable chez Lempert, c’est ce sentiment que la présence rime toujours avec une certaine clandestinité, qu’elle est résistance. Même ses essaims de moucherons ont quelque chose d’une communauté d’individus en danger. Même lorsque Lempert, pour réaliser un photogramme, pose une luciole sur une feuille de papier photo, le coléoptère n’a de cesse de vouloir s’évader. Même lorsqu’il glisse des feuilles d’arbre dans le passe-négatif de son agrandisseur, celles-ci révèlent des ici ou là des nécroses ou la présence d’insectes parasites. Enfin de même, lorsqu’il visite un museum d’histoire naturelle et qu’il rephotographie à quinze ans d’intervalle le même diorama puis qu’il expose les deux images quasi similaires, l’ellipse temporelle qu’il met en évidence nous interroge sur le rapport entre notre mémoire et notre instinct.

Frédéric Paul.

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Jochen Lempert