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La Palestine. Gaza. Un pays de fracas et de larmes, de pierres et de sable, de désastre et de hontes. C’est ce rectangle de terre à l’avenir incertain, que Larry Towell, ce Canadien qui déteste voyager, a décidé de montrer. Robert Delpire

Le 31 mai 2003, le jury du prix HCB a désigné Larry Towell, membre de l’agence Magnum Photos, pour son projet « The walls of no man’s land : Palestine ». Le prix HCB est attribué tous les deux ans grâce au concours de la Banque de Neuflize et de Neuflize Vie à un projet photographique qui ne pourrait voir le jour autrement. Larry Towell a donc pu poursuivre le travail qu’il avait entrepris quelques années auparavant - avec le souci récurrent dans son œuvre de la question de la terre : « L’identité nous vient de la terre. Les Palestiniens sont des fermiers et des bergers. Si l’on ne parvient pas à remédier à cette perte de la terre, il ne pourra exister ni réconciliation personnelle, ni entente collective».

Le prix HCB 2003 a été décerné par un jury international, composé de sept personnalités du monde des arts : Martine Franck, photographe, présidente de la Fondation Henri Cartier-Bresson; Robert Delpire, éditeur, président du jury; Anne Samson, directrice de communication; Peter Galassi, conservateur en chef pour la photographie au Museum of Modern Art de New York (MoMA); Marta Gili, responsable photographie et arts visuels à la Fundacio la Caixa, Barcelone; Roberto Koch, directeur de l’agence Contrasto, Milan & Rome; et Paul Virilio, philosophe.

« Notre choix s’est porté sur le projet de Larry Towell, avant tout pour la qualité de son travail, la particularité de son approche – ne recherchant jamais le sensationnel, n’exploitant jamais la misère - la sensibilité et délicatesse de son regard, la puissance de ses compositions; et ce dans la grande tradition du reportage » a déclaré le jury à l’issue des délibérations. Selon Paul Virilio, « dans son projet, la coïncidence avec l’histoire contemporaine est à souligner : n’oublions pas que la dimension historique fait partie de l’essence même de la photographie…».

L’exposition, conçue par Robert Delpire, rassemble les photographies prises entre 2000 et 2004, ainsi que quelques images des années 1990. Photographies noir et blanc, grands formats panoramiques : sur une période de dix ans, Larry Towell a capturé l’intimité des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, à Jenine, dans la bande de Gaza, dans les camps de réfugiés; il a suivi la construction du mur de séparation. « Travailler dans cette région est extrêmement difficile. Parce que la haine y est omniprésente. La haine, c’est vraiment laid. (…) Je crois en une partition en deux Etats entre la Palestine et Israël. Deux nations égales, sans compromis. Je sais que ce jour arrivera. Si nos promesses sont nimbées de lumière».

Il dédie ce travail à « Henri qui nous a tous appris à regarder».

« Je me rappelle la première chute de neige à Jérusalem en 2003. Elle transforma l’humeur dans la vieille ville. Des juifs et des arabes s’amusèrent à se jeter des boules de neige. L’une d’elles atteint une femme israélienne. Le jeune garçon arabe lui présenta ses excuses. Elle lui sourit comme à son fils. Puis la neige disparut, et au petit matin les soldats israéliens contrôlaient à nouveau les cartes d’identité. Personne ne se souvenait de ce bref moment d’innocence, quand la nature avait transformé le monde en cour de récréation.

La plus grande partie de ce travail a été réalisée durant la seconde Intifada, les années les plus violentes du conflit israélo-palestinien. Aujourd’hui, on espère des deux côtés que la paix et la coexistence pourront prévaloir. Il n’y a pas d’accord de paix, mais les combats se sont apaisés et nous sommes face à une stabilisation historique des négociations.

Le peu qu’il reste de terre palestinienne a été taillé en friches par une infrastructure militaire faite de routes, de barrages, de tours de contrôle, de postes de sécurité, de murs et d’armes liés à l’expansion des colonies israéliennes. Les Palestiniens sont devenus de plus en plus violents, de plus en plus militants. Reste à savoir si un Etat palestinien indépendant et viable verra le jour, mais si la non-violence finit par l’emporter, alors l’espoir aussi doit devenir une réalité.

Comment pouvons-nous encourager les enfants à abandonner les stratégies guerrières? Il n’y a pas de cour de récréation en zone de conflit. Comment faire revenir la neige? »

Larry Towell 21 février 2005

catalogue un livre reprenant l’ensemble du travail de Larry Towell sur la Palestine est publié aux éditions Textuel. contact : Virginie Arbib presse-editionstextuel@wanadoo.fr

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