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Dossier de Presse:

Vernissage vendredi 25 mai à 18h

Le centre d’art de Fribourg, Fri Art a le plaisir d’annoncer sa prochaine exposition, « Désillusions d’optique », exposition personnelle de Mathieu Mercier.

Les oeuvres de Mathieu Mercier ont une qualité particulière qui semble tenir à leur statisme prononcé : leur présence stable au sein de l’exposition semble inviter avec une insistance subtile, à considérer leur valeur esthétique, leur statut, la probabilité de leur fonction, les univers culturels auxquels elles renvoient… Dans le rapport d’altérité manifeste qu’elles instaurent, elles invitent naturellement à prendre conscience de l’exercice qui se joue ou auquel le visiteur est invité à se prêter, dans une absence promise d’interactivité. La « désillusion d’optique » serait donc, outre le titre de cette exposition, un mode opératoire propre à reconsidérer les objets, les oeuvres, les systèmes de signes qu’ils véhiculent. Il s'agirait de déjouer les habitudes de compréhension et de perception qui régissent le mode de relation au monde et aux oeuvres d’art.

L’exposition est un mode de rencontre qui propose implicitement de partager un savoir. Les dispositifs en sont variés : parmi les figures éprouvées, on trouve le cabinet de curiosités, dédié à l’histoire ou aux merveilles du monde ; le diorama des musées d’histoire naturelle, la convention du tableau accroché au mur ou de l’objet sur son socle. Par extension, la vie des objets dans le monde réel, qu’il soit l’espace public, privé ou l’espace commercial, implique un type d’existence qu’on pourrait rapprocher de ce mode de l’exposition, si tant est qu’on veuille bien faire preuve d’une disponibilité pour reconsidérer ces objets. Le parcours de l’exposition joue ostensiblement avec les modes de présentation. Une première salle propose un accrochage d’oeuvres anciennes de l’artiste dont la densité évoque le cabinet de curiosités. Il est amusant de se rappeler que le terme curiosité désigne simultanément un état du sujet et la nature de l'objet. La curiosité recouvre trois attitudes : « Curiosus, cupidus, studiosus » (l’attention, le désir, la passion du savoir), et l’on y verra peut-être un résumé de ce que recouvre une relation aux oeuvres.

Dans une seconde salle, une répétition d’objets sur socles est une sorte de présentation stéréotypée, répétitive de la mise en scène d’objets. La série des « Sublimations » combine des objets immédiatement identifiables avec un socle en Corian et un diagramme ou un schéma. La fusion littérale entre le diagramme et le socle, permise par la technique de sublimation à chaud, l’absence de marques de fabrication et le choix de l’objet générique pour sa qualité « super-ordinaire » qui ne laisse aucun doute quant à son identification, pointent clairement le désir de l’artiste de reconsidérer l’existence des objets mais aussi celle des signes et des allégories.

Commentant la récente série des « Scanners », Mathieu Mercier souligne que ce qui retient son attention, c’est, par opposition à la photographie, l’absence de point de vue qu’offre le scanner. À l’instar des « sublimations », des objets (ici, lieux communs de l’histoire de l’art comme les fleurs ou le monochrome) sont juxtaposés à des dispositifs de mesure et l’image produite par le scanner est un mélange d’objectivité et de romantisme.

Si l’oeuvre de Mathieu Mercier pourrait être caractérisée par une esthétique empreinte de minimalisme, la présence du vivant y occupe une place particulière. La figure de l’Homonculus, qui déforme et restitue les proportions du corps humain selon la capacité sensitive des différentes zones, comme l’usage d’animaux en aquariums (Holothurie, 2000), semble ouvrir une voie singulière dans la lecture de l’oeuvre de Mathieu Mercier.

Ici, le terrarium-vitrine qui abrite un couple d’axolotls donne à voir selon un dispositif hybride entre zoo et musée, ces animaux hors du commun, dont la couleur rose translucide trahit l’état larvaire permanent. L’empathie avec le vivant engendre de nombreuses pistes possibles d’interprétation de cette pièce, en en renforçant la portée métaphorique ; au demeurant, la capacité singulière de ces animaux à régénérer leurs organes et de nombreux tissus semble pointer la notion même d’évolution et d’adaptation à l’environnement. Les différents mouvements de l’art vers la vie - et retours plus ou moins glorieux - ont été souvent commentés au sujet du travail de Mathieu Mercier. Une telle présence de cet « infini larvaire », les énigmes qu’il soulève quant à son évolution, ne saurait donc être insignifiant.

C’est un geste qui clôt le parcours, avec un simple cylindre blanc posé sur une tablette noire, comme une image mentale, oscillant entre le couple tableau noir / craie de la démonstration scientifique et académique, et la baguette magique posée dans la pénombre. Image polysémique qui semble rappeler que le fait de désigner pourrait, en l’espace d’une exposition, avoir affaire avec le fait de ré-enchanter.

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Mathieu Mercier
Désillusions d´optique