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Pierre Joseph, né en 1965, est apparu sur la scène artistique française en compagnie de Dominique Gonzalez-Fœrster, Bernard Joisten et Philippe Parreno, avec lesquels il a souvent réalisé des projets en duo ou en collectif. Ces collaborations à géométrie variable ont introduit en France, entre 1988 et 1994, un modèle original de travail en association pour les artistes mêlant élaboration collective et projet individuel. Ces très jeunes artistes développèrent une problématique encore en friche, explorant les rapports existants entre l'art et la culture populaire, à l'aide d'emprunts à la science-fiction hollywoodienne ou aux magazines grand public, à la musique techno naissante ou au rap.

Le travail personnel de Pierre joseph se développe à partir de trois axes : le jeu comme cadre esthétique, l'interactivité avec les "regardeurs", et la notion de " réactivation " des œuvres d'art et des situations. "Cache cache killer" (1991) connecte ainsi l'esthétique de l' " heroic fantasy " et les formes épurées de l'art minimal à l'univers des jeux de rôle. Il se lance la même année dans l'aventure de la "Little Democracy", galerie de personnages inspirés par la culture populaire (de Superman à Don Quichotte) joués par des figurants disposés dans les salles d'exposition au même rang que les œuvres d'art qu'ils viennent " habiter ". Au lendemain du vernissage, il n'en subsiste qu'une photographie, réactivable à volonté par son futur possesseur. Le fond bleu de l' incrustation vidéo est un autre outil largement utilisé par l'artiste, signe de l'instabilité et du déplacement possible de toutes les images. C'est en approfondissant cette thématique que, depuis 1997, Pierre Joseph a recentré son œuvre autour des notions de transmission et d'apprentissage. Il a tout d'abord réalisé une série de travaux pour lesquels il renonçait à la position de maîtrise spontanément associée à la pratique artistique, pour se mettre dans la peau d'un apprenti : il a ainsi suivi des cours de japonais et travaillé dans une usine de composants électriques à Tokyo, appris la pratique du snowboard, et été employé par un électricien niçois.

"Si j'ai le temps", 1998. Vidéo 7 minutes. Courtesy Air de Paris, Paris Une première leçon de snowboarding filmée et commentée par le professeur lui-même. "Si je suis un novice en surf, le professeur l'est tout autant que moi dans le maniement de la caméra..."

Plus généralement, il profite de son statut de professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Montpellier pour organiser des " chantiers de production " mettant chacun à contribution. Durant l'été 2002, à la Villa Arson (Nice), il anime une " École temporaire " à l'intérieur d'une exposition collective ; et il vient de réaliser une vidéo de la série "Ann Lee" en collaboration avec l'écrivain Mehdi Belhaj Kacem, avec qui il travaille actuellement pour son exposition au Palais de Tokyo. Il se donne l'ambition pour cette exposition de renouveler la vision d'une œuvre qui a influencé nombre d'artistes de sa génération et exploré en pionnier certains thèmes fondamentaux de notre époque. Elle ouvrira sur une table de travail, sur laquelle seront présentées des œuvres antérieures liées à l'apprentissage et à la transmission du savoir. Une fois franchie cette zone de rétrospective light, on se trouvera en présence d'une installation monumentale, composée de fresques et d'écrans vidéo, au centre de laquelle trône le fauteuil fétiche du film Matrix. Cette installation représente une importante prise de position sur la culture contemporaine, et une thématique inattendue pour un artiste qui s'est si longtemps nourri de l'innovation technologique. Pierre Joseph y explore l'écart entre le " goût moyen " de notre époque et ses propositions les plus avant-gardistes : sur quel langage commun un artiste peut-il se baser pour parler à ses contemporains ? Que signifie et que recouvre ce gouffre qui se creuse entre l'artiste et le " grand public " ? Joseph expose donc la séparation entre ces deux systèmes de visualisation (haute culture / culture populaire) sans proposer aucune conciliation entre les deux, à l'inverse de l'approche désormais traditionnelle de cette problématique dans l'art contemporain. Pressetext

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Pierre Joseph