Jeu de Paume, Paris

JEU DE PAUME | 1, place de la Concorde
F-75008 Paris

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Le Jeu de paume propose la première exposition monographique parisienne de l’artiste américain Tony Oursler. Très connu pour ses projections sur des têtes parlantes (Talking Heads) et autres créatures polymorphes, Tony Oursler développe de manière très personnelle un territoire critique relevant du terme "dispositif". Par ce dernier, nous entendons une configuration spatiale au sein de laquelle sont mis en relation des fragments de corps, des objets, des pans de mobilier, des murs, des morceaux d’architecture intérieur ou extérieur où sont projetées des images parlantes.

L’exposition propose une topographie de ces configurations, offrant au spectateur des espaces où il peut évoluer à son gré recomposant lui-même le récit.

Depuis une quinzaine d'années, l’artiste, mettant en abyme des installations cinématographiques, vidéographiques et sculpturales, décline ce concept selon diverses modalités, de manière originale et très surprenante. Neuf installations constituent ce projet, complété par un ensemble de dessins, par des vidéos, un CD-Rom et, pour la première fois, trois maquettes proposant les projets que Tony Oursler réalise actuellement en collaboration avec des architectes.

À l’opposé des artistes de la première et deuxième génération, utilisant la vidéo et développant un vocabulaire spécifique, Tony Oursler redonne une place humaine à cette technologie qu’il manipule en la resituant parmi d’autres médiums, d’autres supports, d’autres objets, comme la peinture, la sculpture, l’objet trouvé ou fabriqué, le son, l’informatique, etc. En fait, aucun domaine plastique ne lui est vraiment étranger.

Né en 1957 à New York, Tony Oursler entreprend ses études en Californie, au California Institute of the Arts où il a reçu une formation pluridisciplinaire et suivi, entre autres, les cours de John Baldessari, pour revenir ensuite vivre et travailler à New York.

Évoluant dans un pays et à une époque où les problèmes sociaux dominent une société envahie par l’information et gérée par des politiciens négligeant les questions humaines fondamentales, Tony Oursler est intéressé tant par les sciences humaines et les recherches scientifiques, que par les arts plastiques et l’architecture.

L’exposition ne propose certes pas un parcours chronologique mais plutôt narratif, commençant avec des volumes clos, maquettes fictives, et se terminant par des projections sur l’architecture du Jeu de paume lui-même. Entre ces pôles, l’exposition insiste sur le désir de l’artiste d’échapper à l’inévitable cube blanc des minimalistes ou l’incontournable cube noir des projections audiovisuelles. Tony Oursler adapte, en effet, ses œuvres à l’architecture intérieure des musées et des galeries d’exposition, fragmentant les dispositifs en divers éléments mis en correspondance par le spectateur lui-même déambulant dans l’espace. Parmi ses œuvres seront présentés les dispositifs : The Watching découvert à la Documenta IX et reconfiguré pour le Jeu de paume, System for Dramatic Feedback, 1994, Eyes, 1996, SWITCH, 1996, Window Project, 1991-2005 et Climax, 2005, conçus spécialement pour cette exposition.

Tony Oursler participe aux recherches prospectives modernes en libérant les sciences humaines de la prédominance de la technologie. Sa manière "désinvolte" de positionner l’écran désaliène l’image de sa diffusion frontale et de son écran rectangulaire, de sa relation à l’image-tableau issue de la Renaissance et perpétuée par la projection cinématographique. La transmission vidéo ne s’effectue désormais plus par la projection frontale sur un écran rectangulaire dans une salle obscure — projection à laquelle les artistes comme Bill Viola nous ont habitués —, mais elle se décline sur diverses surfaces placées dans des lieux variés, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Des surfaces telles que des poupées en tissu, des bouquets de fleurs, des arbres, des vitres, des façades, peuvent servir d’écran et recevoir les projections, selon des modalités diverses créées par l’artiste.

Cette exposition propose également de découvrir les travaux des dernières années. Tony Oursler, à l’instar des artistes new-yorkais comme Vito Acconci ou Dan Graham, fait évoluer son œuvre vers l’espace public, s’intéressant désormais aux conditions sociales de diffusion et de réception des projections. Il met en place des dispositifs in situ présentés sur des places publiques (Soho Square à Londres ou Time Square à New York) ou sur des architectures, telle la bibliothèque construite récemment par Rem Koolhaas à Seattle, ou le Forum construit par Herzog et de Meuron à Barcelone. Ces projets récents intégrant l’architecture sont présentés sous forme de maquettes réalisées par l’artiste lui-même. Des dessins et des photographies de l’artiste accompagnent les œuvres, comme des making-of dévoilant des processus créatifs.

L’exposition "Dispositifs" est un exemple de la créativité de l’artiste et de sa potentialité à intégrer de manière surprenante des paramètres architecturaux contraignants. Le public est invité à déambuler dans un monde étrange et complexe de créatures aux personnalités multiples.

Le catalogue, édité par les Éditions du Jeu de paume et Flammarion, comporte des textes de Paul Ardenne, historien d’art, professeur d’esthétique à l’Université d’Amiens, de Raymond Bellour, théoricien du cinéma, de Tony Oursler, et de Christine Van Assche, commissaire de l’exposition et historienne d’art, ainsi que des reproductions des œuvres exposées.

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