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La ville n’est pas un sujet théorique mais un habitat, un espace humain, animal et végétal, qu’il convient de découvrir en détail pour pouvoir l’aborder dans son ensemble, avec ses innombrables histoires et stratifications. Si celle-ci semble être l’un des défis majeurs du XXIe siècle», alors Yves Mettler cherche à le relever à sa manière.

Depuis quelque temps, les différentes installations présentées par le jeune artiste suisse, composées de boîtes en carton et de voix, énoncent des situations architectoniques, issues d’un intérêt général pour la construction de la ville et la constitution de l’espace de vie du monde occidental.

C’est ainsi qu’il «recherche avec soin du matériel textuel pour ses installations, rassemble des citations ou rédige des séquences particulières. En faisant s’interpénétrer textes et installation, il reprend en toute conscience les traditions de la grammaticalisation, en l’occurrence de la conceptualisation des arts plastiques. En effet, les assises linguistiques et textuelle lui servent d’abord à un montage intellectuel précis de l’ensemble sculptural - pour «humaniser» les architectures anonymes, et donc en quelque sorte pour faire parler les choses.

La série de travaux à trois dimensions comme «Tal-und Bergstation» (stations de téléphérique), «HBF-HBF», «Zone rŽsidentielle» ou «AAL-KKL», donne l’occasion à Yves Mettler d’approfondir des questions sur la signification architectonique de l’espace public.

Découpés dans du carton ondulé et assemblés en structures tridimensionnelles, les ensembles d’objets évoquent de simples maquettes d’architecture, qui se caractérisent par leur qualité sculpturale. Cependant, la stratégie artistique qu’il adopte se distingue fondamentalement de la pure fonction représentative des maquettes, en l’occurrence de l’exigence d’autonomie des sculptures contemporaines. En conséquence, il élargit son univers objectal en lui ajoutant une dimension déterminante - celle de la langue.1».

Pour l’exposition à la galerie Blancpain-Stepczynski, une installation sonore composée de trois éléments accueille le visiteur. Trois tours, inspirées des squelettes en béton bruts laissés à eux-mêmes suite au crash de la frénétique spéculation immobilière en Asie du Sud Est, occupent l’espace. Occupation vide, démultiplication de surfaces sans usage, ces tours attendent toujours d’être habitées. Une première voix énumère une liste de villes qualifiées par un adjectif, proposant un autre classement que par leur nom propre, un classement de toutes les villes que nous voulons nous projeter. Puis chaque tour s’adresse en propre à celle ou celui qui s’approche, elle lui dit «tu» et lui raconte son histoire, une histoire possible, celle d’une rencontre, celle de retrouvailles.

La ville, entité réelle dont la circonscription reste impossible et se prête fabuleusement à toutes les projections de l’imaginaire. Lieu de toutes les histoires, exercice d’identification.

L’univers ludique des maquettes d’Yves Mettler aborde certains problèmes de société ainsi que des discours sur les formes de la vie civile, sur la mobilité ou l’urbanité, sur l’identité culturelle et leurs conventions idéologiques, mais aussi sur les peurs existentielles, auxquelles quiconque, même le plus avisé, ne saurait échapper aujourd’hui... Yves Mettler est né en 1976 à Morges, Suisse. Il vit et travaille à Morges et à Berlin.

«My flowers aren’t always hiding secrets», Yves Mettler, Faire parler les choses, L’assise textuelle dans le monde des maquettes d’Yves Mettler, Konrad Bitterli, all-fr avec textes de Ralf Beil, Konrad Bitterli, Stephen Zepke et un entretien de l’artiste avec Peter Hubacher, ed. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Kunstmuseum St-Gall, Verlag für moderne Kunst, 2005.

En parallèle Yves Mettler, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne du 17 février au 19 mars 2006 et sortie du catalogue «My flowers aren’t always hiding secrets avec textes de Ralf Beil, Konrad Bitterli, Stephen Zepke et un entretien de l’artiste avec Peter Hubacher, ed. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Kunstmuseum St-Gall, Verlag für moderne Kunst, 2005. Yves Mettler, Kunstmuseum St-Gall du 24 février au 30 avril 2006.

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Yves Mettler