Mamco Geneva

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« Dès le début, déclarait récemment L. Tuymans, mon travail s’est orienté vers l’idée de la mémoire et, également, de la question du pouvoir. C’est ainsi que les images obtiennent une certaine force, qu’elles restent. C’est ce qui donne une importance à la peinture que l’on ne peut pas nier. On a l’habitude de digérer l’image. En revanche, la peinture est quelque chose que l’on doit vraiment regarder, que l’on doit contempler, que l’on doit déchiffrer et décoder. C’est pour cela que j’ai su, dès le début, que l’on ne pouvait pas faire une peinture idiote. »

Avant d’être un médium, la peinture est donc, pour L. Tuymans, une image mentale, un « concept ». Aux prises avec le monde, l’histoire et la politique, son projet artistique s’articule autour de la re-présentation. Ses tableaux sont issus d’images déjà existantes. Dans ce choix des sources picturales, la pratique de L. Tuymans pourrait renvoyer à d’autres artistes contemporains qui collectent des images trouvées issues de différentes sources visuelles. Mais la manière dont il officie bouleverse totalement la lecture de ses tableaux. Qu’il se serve de photographies, de jouets, d’images télévisuelles ou journalistiques comme matériel initial, ses sources passent toujours par le filtre de la mémoire, s’opposant à la représentation d’une observation directe. L. Tuymans n’interroge pas la manière dont nous regardons mais comment nous nous souvenons. Des événements, de l’histoire. Et comment ces souvenirs sont révélés par leur mode de représentation. Il va vers les zones d’ombre, vers les réalités cachées.

L’abord de ses toiles peut être déroutant. Pour la plupart de petit format, dans une gamme chromatique restreinte, elles n’accrochent pas le regard par leur pouvoir de séduction. Elles tournent résolument le dos au clinquant pour offrir des images fantomatiques, blafardes, qui ne se laissent pas décoder facilement. Floues, peu reconnaissables, elles résistent à une interprétation immédiate, semblent camoufler plus que révéler. L’ expérience cinématographique de L. Tuymans a donné un sens à sa pratique picturale et lui a permis de formuler son propre langage pictural. Tel un cinéaste, il recadre ses sujets de manière insolite, utilise le gros plan favorisant le détail plutôt que l’ensemble et travaille la narration par des détours qui laissent le spectateur dans l’expectative : tout, dans le travail de L. Tuymans demande qu’on aille au-delà de la surface des images.

Si ses peintures troublent, c’est que l’artiste place l’aliénation au cœur de son entreprise artistique. Il est davantage concerné par les problèmes de l’existence que par la délectation. Profondément engagé par les questions politiques – plusieurs de ses peintures traitent du nazisme et de l’Holocauste, du colonialisme belge au Congo, de l’après 11-Septembre, ainsi que ses prises de position contre les manifestations communautaires d’extrême-droite dans la Belgique traditionnelle – il choisit de se positionner en acte. L’apparente banalité de ses images ne permet pas, d’emblée, de mesurer la longue maturation qui les a vues naître. Il faut en saisir les traces parcimonieuses au charisme troublant et les éléments épars du récit pour qu’apparaisse ce qui est en jeu.

Luc Tuymans est né en 1958 à Mortsel (Belgique), il vit à Anvers.

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Luc Tuymans
Portraits, 1975-2003