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Art du déplacement, genre récent et en perpétuel renouvellement, la performance est conçue dès son origine comme une pratique créative volontairement affranchie des conventions esthétiques. Par performance, on entend toute oeuvre mettant en jeu une action accomplie en public, ou du moins destinée à créer les conditions d'une confrontation face à un public. Associées généralement à une volonté de décloisonner les genres, (arts plastiques, danse, musique, théâtre, poésie, mais aussi cabaret, music-hall, arts de la rue...), ces propositions mêlent souvent cultures savantes et cultures populaires.

Depuis plusieurs années, la performance redevient un médium largement pratiqué et connaît un regain d’intérêt. Elle est cependant trop souvent considérée comme une activité artistique « annexe » et perçue comme une possibilité d’animer une manifestation ou un espace muséal. A contrario, lorsqu’elle est envisagée de manière autonome, elle est fréquemment abordée au travers de sa dimension historique. Pourtant, ses développements récents ont généré les formes plastiques parmi les plus inédites dans le paysage artistique actuel.

Le Printemps de Septembre 2010 se donne pour objectif d'analyser cette renaissance : quels sont les nouveaux territoires de la performance et les liens qui les unissent ? Où se situent ses nouveaux enjeux ? Comment les artistes de notre temps se sont-ils approprié ses fondements ? En quoi résiste-t-elle aux contraintes de l'exposition et de l'animation culturelle ? Ces questions sont d'autant plus importantes qu'il n'y a pas eu en France d'exposition majeure sur le sujet depuis 1994 (« HORS LIMITES, L’art et la vie 1952-1994 » au Centre Georges Pompidou), ni de festival propre à la performance depuis plus longtemps encore.

Expositions, spectacle vivant et actions in situ sont conçus comme un tout traité et présenté au même niveau. Toute notion de hiérarchie entre les différentes approches formelles étant bannie, le parcours proposé par la manifestation aura pour but de créer un état des lieux non exhaustif de la performance contemporaine au travers de ses multiples composantes : du music-hall à l'art conceptuel, de la magie aux event, de l'assemblage des happening au geste chorégraphique, du théâtre d'atelier à l'action de rue, de la conférence ou chant, de la poésie sonore au son tout court, de la musique au récit, en passant même par l'hypnose et le culte. Il s’appuiera pour cela sur un réseau de structures extrêmement diversifié sur Toulouse et la région Midi-Pyrénées, permettant ainsi de créer un parcours riche en propositions variées.

Les expositions ont pour but de montrer des traces de performances passées afin de tester leur capacité à tenir le temps et l'espace. La majorité de ces dernières seront conçues de manière monographique afin de pénétrer le mieux possible dans chaque univers d'action. Photographies, vidéo, objets, installations, son ou documents divers font ressortir la part du vivant. Au-delà du geste initial, c'est la forme exposée qui sera principalement étudiée.

Certaines performances exposées seront produites dans différents lieux du parcours. Ces « Scènes d'intérieur » ont pur but de montrer comment les artistes peuvent transformer l'espace d'exposition en un théâtre d'opérations diverses. Certaines de ces actions impliqueront la présence des visiteurs grâce aux principes du répertoire et de la partition, essentiels dans la compréhension des mécanismes de la performance. Traversant les frontières qui séparent les différents champs de la performance, les Soirées Nomades mettront l’accent sur la notion de déplacement. Elles réuniront des chorégraphes, plasticiens, metteurs en scène, musiciens ou poètes qui confrontent et font converger des formes ou des langages éloignés, créant de fait des télescopages et déséquilibres inattendus. La multiplicité de ces approches ambivalentes permettra ainsi de poser de manière plus globale la question du rapport à la scène et du statut de la représentation dans la performance.

Des actions hors les murs seront organisées tout au long du festival dans le contexte même de la ville de Toulouse. Elles convoqueront des artistes qui produisent des micro-dérèglements urbains et dont les gestes discrets, volontairement poétiques ou politiques, visent à déstabiliser les comportements formatés par les habitudes. Il s'agit là de préoccupations très actuelles de la performance.

Une exposition documentaire sous la forme de revue murale sera destinée à rappeler un certain nombre d'actions historiques qui ont marqué l'histoire de la performance tout au long du XXe siècle. Au-delà de ce travail nécessaire de mémoire, il s'agira d'interroger les liens fondamentaux qui unissent la performance et sa représentation par l'image. La photogénie de l'action participe souvent à son mythe et à son entrée dans l'histoire.

Enfin, comme en 2009, La Radio du bout de la nuit permettra aux artistes et au public de se retrouver, les soirs de nocturnes entre 22h et 1h du matin. Installée à l'école des Beaux-arts, en plein coeur de la ville et du parcours du festival, elle devient le point de convergence de la manifestation. Née du désir de créer un espace alternatif qui soit à la fois lieu de rencontre, de création et de parole, cette radio est essentiellement conçue et animée par les artistes présents dans la programmation. Elle est l'occasion d'inventer des formes nouvelles, de susciter des collaborations inédites, dans un cadre propice à la liberté, au dialogue et au jeu.

2010, c’est aussi la 20ème édition du Printemps de Septembre : 10 ans à Cahors, 10 ans à Toulouse. Cet anniversaire sera marqué par deux évènements forts, à Cahors et à Reims. Confiée à Régis Durand, l’exposition présentée au Musée Henri-Martin réunira une sélection d’oeuvres produites depuis l’origine du festival par ses partenaires institutionnels (Ministère de la Culture, Maison européenne de la Photographie, Jeu de Paume, etc.) et sera inaugurée par une Nocturne le 18 septembre où l’on pourra déambuler entre performances, projections sur les façades et concert. Le domaine Pommery accueille quant à lui une exposition des souvenirs les plus forts que ce mécène historique du Printemps de Septembre a recueillis tout au long des 20 ans de la manifestation. Régis Durand sélectionne installations spectaculaires, images d’archives ou projections évoquant les Nocturnes du festival, l’ensemble des oeuvres présentées ayant pour point commun d’avoir subsisté durablement dans la mémoire de Nathalie et Paul-François Vranken.

Direction artistique : Éric Mangion, directeur du centre d’art national d’art contemporain Villa Arson à Nice ; directrice artistique associée : Isabelle Gaudefroy, programmatrice des Soirées Nomades de la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

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Le Printemps de Septembre - à Toulouse
Festival de création contemporaine
Kuratoren: Eric Mangion, Isabelle Gaudefroy